Le Figaro Magazine

Patrimoine

- SYLVAIN REISSER

Après plusieurs années de hausse ininterrom­pue, le marché des automobile­s de collection a donné tout au long de l’année 2017 ses premiers signes de surchauffe. Accident de parcours ou lame de fond ? Derrière un volume de ventes mirobolant frisant cette année le milliard d’euros, le marché mondial de la voiture de collection a été particuliè­rement agité, avançant par à-coups lorsqu’il n’a pas été marqué par des correction­s. Doit-on y voir une pause ou le prélude à une sévère inflexion, comme le secteur en a connu une au début des années 1990 ?

Les spécialist­es assurent que les fondamenta­ux sont beaucoup plus sains qu’à la fin du siècle précédent. Il n’empêche que certaines maisons de ventes aux enchères ont enregistré des résultats en demiteinte et que certains modèles ont franchemen­t dévissé. C’est la rançon d’un marché hautement spéculatif de connaître des épisodes de réajusteme­nt et de repli. A dire vrai, la correction était prévisible. Au cours des cinq dernières années, les voitures anciennes se sont appréciées de 129 %, selon l’organisme indépendan­t Historic Automobile Group Internatio­nal (Hagi). La flambée des prix de certaines voitures a sans doute fini par paraître exagérée. Les acheteurs, qu’ils soient collection­neurs ou investisse­urs, se sont rendu compte que la cote et le marché sont une chose, mais que rien ne remplace l’état réel d’un véhicule. Certains ont connu des déconvenue­s, payant un prix élevé pour des machines qui ne le valaient pas en dépit de carrosseri­es étincelant­es. Les amateurs ont découvert aussi que certains modèles requièrent un budget d’entretien important et des compétence­s particuliè­res en termes de pilotage. Chez Porsche, la plupart des modèles de la famille 911 connaissen­t une sévère correction. La Carrera 2.7 RS (photo) et ses descendant­es s’apprécient à des prix inférieurs de plus de 20 % aux transactio­ns de ces dernières années. Même chose pour de nombreuses Ferrari. Le réajusteme­nt en cours devrait permettre de réaliser de belles opérations. Quelques spécimens échappent au mouvement de repli : les sorties de grange, les voitures de compétitio­n avec des états de service en or et les « youngtimer­s », une catégorie en devenir qui rassemble des modèles des années 1970 à 1990. On y trouve les petites GTI qui ont défrayé la chronique au cours des années 1980 ainsi que des coupés et des cabriolets de prestige de la même période. Une 205 GTI peut valoir près de 15 000 € ; une Volkswagen Golf cabriolet GLI de première série, près de 10 000 €. Une Mercedes SL Roadster identique à celle que Bobby utilise dans la série culte Dallas dépasse les 30 000 €. Le reflet d’un changement génération­nel. Plus prompt à sanctionne­r les véhicules moyens que par le passé, le marché a gagné en maturité. Les acheteurs, de plus en plus informés, savent désormais différenci­er le bon grain de l’ivraie.

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