Le Figaro Magazine

Harry Winston, le glamour hollywoodi­en

LE GLAMOUR HOLLYWOODI­EN

- P. C.

Cela ressemble à un conte de Noël. Pour ses bijoux montés en « Cluster » (en grappe), Harry Winston se serait inspiré d’une couronne de l’Avent, suspendue à la porte de sa maison de Scarsdale et dont le feuillage givré par le froid lui rappelait l’éclat des diamants… Cet entrelacem­ent de pierres de taille poire, marquise et brillant, formant de somptueux agrégats deviendra, dès les années 1940, la signature du joaillier.

En rupture avec le style Art déco tout en aplats de pierres précieuses et lignes graphiques, ce sertissage en 3D où les diamants sont inclinés permet de mieux attraper la lumière. D’autant qu’en utilisant peu de platine, la monture minimalist­e devient quasi invisible : les gemmes semblent alors flotter sur la peau. L’effet est époustoufl­ant à l’oeil nu. Et démultipli­é sous les flashs. Le joaillier, qui a ouvert ses salons en 1932 à New York, comprend avant ses pairs la puissance d’une image propulsée par le glamour hollywoodi­en. Dès 1935, il fait poser Shirley Temple et Claudette Colbert avec le Jonker, caillou brut de 726 carats. En 1944, il prête des boucles d’oreilles à Jennifer Jones pour la cérémonie des Oscars. En 1946, Ingrid Bergman porte ses diamants en cascade dans Les Enchaînés, d’Alfred Hitchcock. Et en 1953, dans Les hommes préfèrent les blondes, de Howard Hawks, Marilyn Monroe l’implore de sa voix sucrée : « Talk to me, Harry Winston, tell me all about it… » Stars de Hollywood, jet-set et high society affluent dans ses salons. L’Américain retrouve sa clientèle cosmopolit­e à Paris où il s’établit en 1957 au 29 avenue Montaigne. Cet hôtel particulie­r est idéalement placé : en face de la maison de couture Christian Dior, inaugurée dix ans auparavant, à quelques encablures du Plaza Athénée où descend déjà une partie de ses fidèles, Rose Kennedy, la maharani de Baroda, la duchesse de Windsor, etc. Les salons à la française sont rénovés en 2014 parSwatch Groupquia racheté la griffe l’année précédente. Ce lieu affiche le même gris neutre sur ses murs, choisi par Winston pour ne pas fausser le feu des gemmes. Les plus beaux cailloux sont passés entre ses mains. Au début des années 1950, le magazine Life estimait que sa collection de pièces de joaillerie historique­s était la deuxième plus grande au monde, derrière celle de la famille royale britanniqu­e. En témoigne le Vargas acheté en 1938 ; le célèbre Taylor-Burton taillé en poire ; ou encore le Hope, ce fameux diamant bleu ayant appartenu à Louis XIV aujourd’hui exposé à la Smithsonia­n Institutio­n de Washington. Que dire du Lesotho, pierre brute de 601 carats qui donnera, entre autres, un diamant marquise de 40,42 carats, si ce n’est que sa beauté séduisit Aristote Onassis qui l’offrit à Jackie Kennedy ? Harry Winston eut le nez creux en faisant diffuser en direct à la télévision le clivage de ce brut extraordin­aire.

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Cet assemblage de diamants de taille poire, marquise et brillant faisant presque disparaîtr­e le métal, appelé « Cluster », a rendu célèbre le joaillier new-yorkais, installé avenue Montaigne, à Paris (ci-dessous) depuis 1957.
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