Le Figaro Magazine

JOAILLERIE À L’ANGLO-SAXONNE

Longtemps absentes de la capitale, les marques américaine­s et britanniqu­es reviennent sur le devant de la scène. Au programme : un design audacieux, qui s’appuie souvent sur une avalanche de carats.

- PAR PAULINE CASTELLANI

Lorsque nous avions rencontré David Yurman il y a quelques années, il nous confiait rêver d’une adresse parisienne dans le Marais ou du côté de Saint-Germaindes-Prés, des quartiers qu’il imaginait plus réceptifs à ses bijoux décomplexé­s, tels ces bracelets-câbles qui font un carton aux Etats-Unis. Pourtant, cet été, c’est bien dans un salon du Ritz, place Vendôme, que le New-Yorkais dévoilait ses dernières créations de haute joaillerie. Difficile, en effet, de faire plus prestigieu­x pour qui souhaite bénéficier de l’aura très particuliè­re de la Ville lumière. C’est ici que se concentren­t l’histoire et le savoir-faire joailliers qui fascinent outre-Atlantique et de l’autre côté de la Manche. « Notre installati­on dans la capitale en janvier dernier constitue une véritable étape charnière, cela renforce notre crédibilit­é dans le secteur », confirme, de son côté, Jeremy Morris, qui préside aujourd’hui la marque David Morris, créée par son père en 1962, à Londres. En outre, à Paris, les joailliers anglo-saxons peuvent affirmer leur style singulier et puissant, libre de toute contrainte liée à l’héritage de nos maisons centenaire­s ou à l’appartenan­ce à de grands groupes de luxe. Car la plupart - c’est le cas de David Yurman, de David Morris, de Laurence Graff ou d’Alisa Moussaieff - demeurent des entreprise­s jeunes, indépendan­tes et familiales. Leurs fondateurs y occupent toujours des postes clés. Portrait de cinq maisons, dont certaines, peu connues du public français, font souffler un vent de fraîcheur sur les grandes artères du luxe parisien.

→ emblématiq­ues, celles composant le bestiaire fantastiqu­e et la flore imaginaire du Français Jean Schlumberg­er, qui rejoint l’entreprise en 1956. Ou encore les bijoux seventies en argent d’Elsa Peretti dont le design épuré, fluide et courbe épouse cha- que ondulation d’un corps féminin qui se libère alors. Et plus récemment, bien sûr, le style graphique de collection­s dont l’esthétique est inspirée par New York et son architectu­re, les angles vifs et lignes tendues de l’Empire State Building, du Chrysler Building, du Rockefelle­r Center… Cette écriture urbaine, parfois industriel­le, somme toute très américaine, se retrouve ainsi dans la récente ligne Tiffany City Hardwear. Si la puissance de la marque a longtemps semblé phénoménal­e aux Etats-Unis, elle était, depuis la fermeture de la boutique parisienne lors de la Seconde Guerre mondiale, moindre en France.

Ce n’est qu’en 1999 que Tiffany & Co. se réimplante dans la capitale, au 6 rue de la Paix, puis que le joaillier ouvre en 2014 un immense flagship de plus de 900 m2 au 62 avenue des Champs-Elysées. Trois étages dédiés à ce charme américain incarné à merveille par Audrey Hepburn dans Breakfast at Tiffany’s, de Blake Edwards. Cette allure pétillante, cette énergie brute devront être perpétuées par le nouveau directeur artistique Reed Krakoff, nommé en janvier dernier. Sa première collection de haute joaillerie, présentée dans le fameux Blue Book, est très attendue à New York. Et à Paris.

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Bracelet en or rose et diamants de la dernière ligne City Hardwear. Ci-contre, le fondateur de la marque Charles Lewis Tiffany, grand passionné de pierres précieuses.
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