INTIMATE JOHNNY

En 1960, année des débuts de Johnny Hallyday, paraît un des disques les plus émouvants du monde : Intimate Ella. Seule avec un pianiste, Ella Fitzgerald y chante Black Coffee, Misty, September Song et une dizaine d’autres des plus belles chansons américaines. Mélodies simples, paisibles et déchirantes, chantées avec une douceur qui serre la gorge. On a les mêmes sensations en écoutant Hallyday raconter soixante ans ou presque d’une carrière passée à chanter l’âme populaire française. Sa vie bousculée a inspiré à quelques-uns des meilleurs auteurs des chansons qui se confondent avec la vie de chacun. Du grand art. Cette vie et cette carrière, il les raconte avec bonhomie, humour et modestie. Le charme passe, malgré un commentaire parfois emphatique (« la jeunesse qui brise ses chaînes » lors d’un concert de 1962, ce genre de choses). L’analyse faite, l’air de rien, par Johnny Hallyday, de l’évolution de son métier, vaut d’être écoutée. Drôle lorsqu’il imite Godard, émouvant lorsqu’il parle de ses amis, de ses enfants, de sa femme, poignant lorsque passe l’ombre d’un père qui l’a abandonné (comme celui de Maurice Chevalier, soit dit en passant), blessure toujours ouverte, il est d’une simplicité et d’une grandeur royales : « On s’est bien amusé, on faisait la musique qu’on aimait. » Et voilà tout ? S’il arrivait un jour à faire un disque de confidences qui ressemble à cette émission, Johnny Hallyday ferait plaisir à beaucoup. Ne pourrait-on l’intituler Intimate Johnny ?

Johnny Hallyday, La France rock’n roll, écrit et réalisé par Jean-Christophe Rosé. France 2, mardi 12 décembre à 20 h 55.