Le Figaro Magazine

À VOS MASQUES ! PRÊTS ? JOUEZ !

- FRANÇOIS DELÉTRAZ

Avant d’installer leurs ateliers et leurs studios de répétition à Berlin, le collectif Familie Flöz s’est formé à Essen, au fin fond de la Ruhr, au sein de la fameuse école Folkwang qui a vu naître de grands photograph­es et d’incroyable­s chorégraph­es comme Kurt Jooss ou son élève Pina Bausch. C’est dans cet univers de création exceptionn­el que ses fondateurs, Hajo Schüler et Markus Michalowsk­i ont conçu les premiers masques qui allaient devenir la marque de fabrique de leur théâtre. Depuis, cette troupe de mimes, d’acteurs et d’acrobates a multiplié les pièces qui tournent sur tous les continents, sans traduction nécessaire puisqu’elles s’affranchis­sent de toute parole. Aujourd’hui, la Familie Flöz entame une courte tournée en France et fera une longue halte à Bobino pour jouer leur création, Hotel Paradiso. Avec des onomatopée­s et des gestes, maîtrisant autant l’art du mime que le jeu d’acteur, les interprète­s y racontent l’histoire d’un hôtel familial, niché, imagine-t-on, dans les Alpes suisses. L’établissem­ent, au bord de la ruine, voudrait se donner des airs de 4 étoiles. Le défilé incessant de clients hauts en couleur – femme chic, gros vulgaire, séducteur, timide… – va venir chambouler cette famille confite en jalousie et en haine, dirigée d’une main de fer par une grand-mère aussi méchante que coriace.

De l’humour, de la dérision, du sarcasme… On passe du rire à la gêne, avec tout de même une juste dose de romance. L’usage des masques permet des expression­s à la limite de la caricature, et donne l’illusion d’une pièce chorale. Et ce n’est qu’une fois le spectacle terminé que l’on se rend compte qu’il n’y avait en réalité que quatre comédiens sur scène, tant leurs personnage­s et leurs masques surdimensi­onnés sont bien campés. C’est dire leur capacité à endosser des rôles aussi différents et surtout à nous faire croire qu’ils sont joués par une troupe bien plus fournie ! Le spectacle n’en est que plus étonnant. Pas un mot n’est prononcé et pourtant tant de choses sont dites. C’est la force du mime quand il est si bien fait. Le 9 décembre à Cluses, le 12 à Aurillac, puis du 16 janvier au 4 février 2018 à Bobino, à Paris (01.43.27.24.24).

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