LA LOIRE EFFERVESCENTE
Comment Patrick Monmousseau a racheté Bouvet Ladubay, maison de Saumur, pour en faire un formidable succès.
La mode est aux bulles. Toutes les régions viticoles du monde s’y mettent. Bouvet Ladubay, à Saumur, en Val de Loire, n’a pas attendu cette nouvelle vogue pour revenir au premier plan. La maison de négoce, avec ses 80 vignerons associés, produit depuis belle lurette des blancs et des rosés de belle facture. Créée par Etienne Bouvet en 1851, l’entreprise connut une histoire houleuse. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, exsangue, elle était reprise en main par Jean Monmousseau. « En 1972, mon père m’a passé le relai. J’étais un bon technicien mais je ne connaissais rien au business », raconte Patrice Monmousseau. L’inexpérimenté a pourtant fait grimper la production de 350 000 bouteilles à
6 millions aujourd’hui. Mais, la Loire ne fut pas un long fleuve tranquille. « En 1974, le Champenois Claude Taittinger a racheté les actions de mes cousines qui souhaitaient vendre et puis, dans la foulée, les parts de mon père. Je suis resté et j’ai travaillé avec lui dans un rapport de totale confiance jusqu’à ce qu’il vende, en 2006. » Le groupe est alors acquis par l’industriel indien Vijay Mallya, qui finance une superbe unité de production. La faillite de ce dernier est l’occasion pour Patrice Monmousseau de reprendre l’affaire à son propre compte. « Finalement, cela n’a rien changé à mon quotidien, j’ai toujours agi comme si j’étais le propriétaire. » Depuis qu’il tient les rênes de l’entreprise, l’homme n’a eu de cesse de veiller à la qualité de ses achats de chenin et chardonnay. Résultat : une large gamme d’effervescents blancs et rosés – et quelques vins tranquilles – fort intéressante et accessible, parmi lesquels les cuvées Trésor, Saphir, ainsi qu’un emblématique Ogmius, vendu en magnum. Pour faire parler de la maison, le patron fourmille d’idées. On lui doit un centre d’art contemporain, des manifestations avec des écrivains de premier plan et des comédiens comme Gérard Depardieu pour animer le tout. Bouvet Ladubay reçoit maintenant 40 000 visiteurs chaque année. STÉPHANE REYNAUD