MACRONOMÈTRE : EN ÉCONOMIE, L’EXÉ
DÉPENSES PUBLIQUES
Emmanuel Macron et son gouvernement se sont engagés à réaliser 80 milliards d’économies sur les dépenses publiques d’ici à 2022. Mais, dans l’évaluation du Macronomètre, on constate que ces économies sont assez survendues. En effet, la hausse mécanique des dépenses est surévaluée par le gouvernement. Ce qui lui permet d’afficher environ 40 milliards d’économies en plus qui sont, en quelque sorte, virtuelles. Par ailleurs, on constate que les économies sont repoussées dans la loi de programmation 2018-2022 par rapport aux objectifs annoncés juste après l’élection. Du côté des effectifs, sujet important pour la baisse des dépenses publiques, le budget 2018 prévoit 1 600 postes en moins pour l’Etat et ses opérateurs. Or, Emmanuel Macron a promis 50 000 suppressions pour l’Etat et 70 000 au niveau local d’ici à 2022 ! Pour rentrer dans les objectifs, le compte devrait être de 10 000 suppressions en 2018. Côté collectivités, pour atteindre l’objectif, il faudra mettre en place une politique très incitative qu’on ne connaît pas encore. Le rétablissement du jour de carence est une très bonne nouvelle. Le gouvernement en attend 270 millions d’économies. On espère que cela annonce une réforme en profondeur de la fonction publique et de son management. En tout cas, c’est une première étape de franchie dans la convergence secteur public-secteur privé.
FISCALITÉ DES MÉNAGES (HORS CAPITAL)
La fiscalité des ménages a été au coeur du débat de la loi de finances 2018, avec deux mesures phares : l’augmentation de la CSG et la baisse de la taxe d’habitation. L’augmentation de la CSG, qui remplace les cotisations maladie et chômage des salariés, sera-t-elle efficace en termes de compétitivité ? Selon notre évaluation, non, car la CSG augmente aussi sur les revenus du capital. Une bascule des cotisations sur la TVA aurait été plus efficace. De surcroît, à l’horizon 2022, cette mesure aura déclenché une hausse du déficit extérieur de 0,7 milliard, les ménages utilisant leur gain de pouvoir d’achat à acheter des produits importés. En parallèle, la baisse de la taxe d’habitation est suspendue à l’avis du Conseil constitutionnel qui sera rendu dans les prochains jours. Cette mesure a pour effet de concentrer encore plus l’impôt des ménages sur les 10 % des ménages qui ont les meilleurs revenus. Rappelons que ces derniers paient déjà la moitié de l’addition TH + IR + CSG, soit plus de 90 milliards. Cette mesure va contribuer à fragiliser le financement des communes et des intercommunalités. L’effet positif sur l’économie est très faible et la mesure contribue, en 2022, à aggraver le déficit du commercial de la France de 3,1 milliards.
FISCALITÉ DU CAPITAL DES MÉNAGES
Sur ce sujet, le gouvernement fait preuve d’un courage sans pareil car il n’est pas facile d’expliquer qu’il est nécessaire de baisser la fiscalité sur les revenus du capital. La suppression de l’ISF sur les biens investis dans les entreprises est un bon booster pour la compétitivité et devrait permettre, selon l’évaluation du Macronomètre, de réinvestir 4,6 milliards d’euros dans l’économie productive. Le maintien de l’imposition des biens immobiliers, par le biais de l’IFI, reste en revanche une incitation à ne pas revenir en France pour les exilés fiscaux. A moins que le Conseil constitutionnel ne supprime l’IFI d’ici au 31 décembre… Il manque aussi un fléchage vers les entreprises de moins de 50 salariés, celles qui pâtissent le plus de l’absence de capitaux pour grossir. La mise en place d’un prélèvement forfaitaire unique est une très belle réforme. Elle revient sur l’idée de « taxer le capital comme le travail », folie dogmatique qui a coûté à la France une partie de son écart de croissance par rapport à la zone euro. L’effet sur l’investissement est bon, avec 2,7 milliards de plus investis dans l’économie productive en 2022, et l’effet sur la compétitivité de la France est bon aussi. 38 000 emplois devraient être créés en 2022 grâce à cette mesure.