PATMOS ET THANATOS
Ian, un New-Yorkais fils de riche désormais déshérité et pauvre comme Job, part rejoindre Charlie, son ami d’enfance new-yorkais d’origine chypriote, fils de riche également, mais nageant toujours en pleine opulence dans les eaux de Patmos où il possède plusieurs yachts et où il s’est installé. Celui-ci lui avait promis qu’en cas de coup dur, il pourrait toujours compter sur lui. Sur place, la petite amie du protecteur, sa fille, une ex de Ian connue à l’université, un cousin de Charlie et son amant, un baby-sitter d’un certain âge et alcoolique, et d’autres personnages folkloriques. Quelques mois avant, une bombe a explosé devant un café. Ian, qui a désespérément besoin d’argent, accepte de travailler pour l’entreprise mystérieuse de Charlie, lequel disparaît quelques jours plus tard. Après quoi, l’enfer se déchaîne… Christopher Bollen, rédacteur en chef du journal warholien Interview, qui a écrit deux excellents romans très new-yorkais ultracontemporains, verse désormais dans le thriller classique à la Patricia Highsmith. C’est assez déroutant, mais son style nerveux (« Sa bouche est une vraie chasse d’eau industrielle ») lui permet de ne pas sombrer dans le genre polar pour rombières. La dérive de Ian sous un soleil épuisant au milieu d’un cauchemar touristique est fascinante, tandis que Bollen donne à Patmos des allures apocalyptiques, ce qui est assez ironique quand on y pense.
Beau ravage, de Christopher Bollen, Calmann-Lévy, 537 p., 22,50 €. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Nathalie Peronny.