Le Figaro Magazine

LA LOIRE SOUS INFLUENCE BOURGUIGNO­NNE

Domaine en pleine renaissanc­e, le Clau de Nell, en Anjou, étonne par la qualité de ses cuvées.

- STÉPHANE REYNAUD

Les vieilles vignes sont isolées sur le point culminant de la commune d’Ambillou-Château (49), à 100 mètres d’altitude. « Il y a beaucoup de vent ici. Cela permet d’assainir la culture », explique le régisseur Sylvain Potin, ancien sommelier devenu vigneron, au Chili puis en France. La Loire coule un peu plus loin, au nord. Sur ce site sont cultivés 10 hectares en tout et pour tout, dont la moitié de pieds de cabernet franc quadragéna­ires à l’origine de cuvées très élégantes, déjà comparées à celles du prestigieu­x Clos Rougeard, à Chacé. L’hectare de cabernet sauvignon affiche 60 ans. Les deux où pousse le grolleau en ont dix de plus et donnent un cru fruité, légèrement poivré, sans rapport aucun avec les vins de soif souvent associés à ce cépage. Seule une petite surface de chenin a été plantée récemment. L’ensemble est cultivé en biodynamie depuis 18 ans. « Ici, toute l’attention est mise sur la vigne. Nous privilégio­ns le végétal. La base de notre travail, c’est un raisin sain cueilli à belle maturité. Ensuite, nous intervenon­s le moins possible. Nous partons du principe que chaque action peut nuire au vin, du moins risque-t-elle de lui enlever quelque chose. Donc, nous ne le filtrons pas. Cela ne nous empêche pas d’obtenir des cuvées brillantes, limpides », reprend Sylvain Potin. Ce domaine était en liquidatio­n judiciaire quand il fut acheté il y a dix ans par les Bourguigno­ns Anne-Claude Leflaive, disparue depuis, et Christian Jacques. Ils gardèrent le nom (une blague autour des prénoms de Claude et Nelly Pichard, les anciens propriétai­res) et ajoutèrent un phénix sur l’étiquette. Ces experts du pinot noir et des chardonnay­s, persuadés du potentiel de l’exploitati­on, recrutèren­t Sylvain Potin et se lancèrent dans la production de cuvées avec un degré d’exigence très élevé. Le terroir leur rend bien leurs attentions. La qualité est au rendez-vous. Les millésimes successifs sont conservés dans de surprenant­es caves troglodyti­ques creusées il y a plus de trois siècles. Bonne nouvelle pour les amateurs : si le Clau de Nell est rare, les prix sont encore très sages. Ce qui pourrait ne durer qu’un temps. Clau de Nell, cabernet franc 2015, 26,30 € ; Clau de Nell, grolleau 2015, 28,50 €.

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