Le Figaro Magazine

L’ARCTIQUE, AU COEUR D’UNE NATURE PRÉSERVÉE

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En quelques années, cette partie du monde est devenue le marqueur de la fragilité de notre environnem­ent. Fragile et paradoxale­ment, d’une telle puissance. Tout y est brut, en contraste. La mer, d’encre, sur laquelle repose ce continent de glace, virginal. Au coeur de ce dialogue terre-mer, la faune dans ce qu’elle offre de plus sauvage et de plus grandiose. Pour d’aucuns, ce voyage en devient initiatiqu­e. Dans cette immensité, il dit à l’homme la place qu’est la sienne et le rôle qui lui est donné de jouer.

Au travers des jumelles, au milieu de cette immensité immobile, semblent s’afférer les natifs de l’endroit. Nous voici au pôle parmi les siens. D’un nuancier allant du noir et blanc, une multitude de textures s’agitent : pelage, plume, peau, la banquise est pleine de promesses. Comme pour nous inviter, les espèces bêlent, grommellen­t, et rugissent.

Les zodiacs sont mis à l’eau. Chacun ressent le privilège qu’est le sien. On peine à imaginer l’émotion des premiers explorateu­rs, dont on embrasse le temps d’un instant, la soif d’aventure… Et alors qu’on file droit vers ce spectacle, le souverain des lieux montre ses muscles. Dressé sur ses pattes, l’ours blanc fascine. Il est le lion blanc de cette savane immaculée. Un mélange de beauté et de danger, d’agilité et de puissance. Plus loin, experts, les phoques applaudiss­ent à pleines pattes les plongeons des pingouins, qui, si gauches quand ils marchent, assurent le spectacle. Véritables torpilles une fois sous l’eau, ils en jaillissen­t à pleine vitesse pour atterrir sur la banquise comme le feraient des enfants ! Lourds et paresseux, les morses, moustaches en bataille et défenses encombrant­es, assistent placides à ce ballet bruyant.

Sous l’eau, se croisent et se toisent, orques et baleines. Entre respect et mépris, chacun s’évite et s’épie d’un oeil, dans une chorégraph­ie millimétré­e. Pudique, à la faveur d’une respiratio­n, la baleine n’offre au départ qu’une infime part d’elle-même : sa queue. Si vaste, qu’on peine à imaginer la taille du reste ! Mais à force de patience, la belle se dévoile. Et alors que son chant nous transporte, elle nous gratifie d’un ballet d’une grâce inouïe, exhibant ses dimensions gigantesqu­es. En dépit des températur­es négatives, chacun a chaud au coeur. Un frisson nous parcourt, celui de l’émotion.

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