Les week-ends de... Philippe Delerm
La vague de froid qui déferle sur la campagne normande n’affaiblit pas l’ardeur de Philippe Delerm. Accompagné de sa femme Martine et armé du guide des brocantes 2018, l’écrivain quitte chaque dimanche son village de Beaumont-le-Roger, dans l’Eure, pour rejoindre le rendez-vous des chineurs. « En voiture, nous empruntons des sentiers reculés de Normandie. Nous arrivons souvent tôt, après avoir déjà passé chacun une heure ou deux à la maison à écrire et dessiner. »
En quête d’objets pouvant ressusciter « une part d’enfance, une intensité de sensations », le couple s’arrête devant les étals de livres, de dessins, de magazines sportifs anciens ou de voitures de collection miniatures. Pas n’importe lesquelles :
« Des Dinky Toys ou des Solido, fabriquées entre 1955 et 1965, à l’époque où j’avais entre 5 et 10 ans », avoue ce nostalgique, un brin fétichiste, qui note là
« un trait de caractère plus répandu chez les hommes que chez les femmes ».
Après une étape obligée au stand frites et merguez pour déjeuner, Martine et Philippe Delerm accueillent souvent un couple d’amis pour une séance de cinéma dans le bureau. « Jouant le jeu à fond, nous observons parfois un entracte pour déguster
Des objets pour ressusciter une part d’enfance
un esquimau », sourit-il. L’apéritif dominical, « avec du vrai spritz au prosecco » et le dîner s’enchaînent sans peine. « Nos week-ends sont différents quand nos deux petits-fils de 7 et 10 ans (les enfants de Vincent, auteur-compositeur-interprète, ndlr) sont là. Tout tourne autour d’eux. Même la maison a l’air contente. » L’heureux grand-père passe deux heures le matin sur un terrain de football ou un cours de tennis, quelle que soit la température, pour les entraîner. S’ensuivent des cours de guitare et de dessin, qui font la joie de ce couple d’anciens professeurs, férus de transmission. Le soir, un rituel singulier s’organise dans la chambre des enfants, le « noir quart d’heure », inventé par Carl Norac : « On raconte une histoire un rien terrifiante à tour de rôle dans le noir. » Voilà comment poussent les graines d’artistes. GUYONNE DE MONTJOU Dernier ouvrage paru : Et vous avez eu beau temps ?, Seuil, 159 p., 15 €.