ROCK AROUND THE GLAUQUE
Aux Etats-Unis, la firme Gibson s’apprête à fermer. C’est tout un symbole : durant des décennies, les guitares électriques et acoustiques de cette maison née au début du XXe siècle étaient le rêve absolu de millions d’adolescents de sexe généralement masculin, jouant des solos de raquette de tennis devant le miroir de leur chambre à coucher. C’est qu’entre les mains de Pete Townshend (The Who), Jimmy Page (Led Zeppelin, photo) ou Keith Richards (Rolling Stones), ces engins en bois pourvus de micros faisaient de sacrées étincelles sur scène ou sur des albums devenus légendaires. Mais plus personne n’achète de guitare aujourd’hui, et Gibson est en faillite. D’ailleurs, pourquoi se faire offrir une guitare lorsqu’un simple ordinateur suffit à faire un disque que personne n’achètera puisque les disques ne se vendent plus ? Certes, il reste bien quelques quinquagénaires CSP++ qui aiment s’encanailler un soir par an au stade de France et payer 300 € pour aller voir les ruines de ce qui fut un bon groupe il y a plus de quarante ans, et les Rolling Stones ne se privent pas d’en profiter. Mais pour les jeunes, ce bon vieux rock and roll est un truc de grabataires qui a sa place au Louvre à côté de la salle des antiquités égyptiennes. Plus personne ne chantera une chose aussi désuète que While My Guitar Gently Weeps. Non mais sans blague, quelle ringardise ! Aujourd’hui, les plus jeunes veulent une tablette, les plus âgés un scooter japonais. Et il y a belle lurette que Maître Gims (maître de quoi ?) et David Guetta ont remplacé David Bowie et Mick Jagger, et que l’Auto-Tune a supplanté la guitare électrique. C’est ce qu’on appelle le progrès. NICOLAS UNGEMUTH