Le Figaro Magazine

AUBER REMIS AU GOÛT DU JOUR

- FRANÇOIS DELÉTRAZ

Bien qu’une des plus grosses stations du RER parisien lui soit dédiée, peu savent qu’Auber était un grand musicien. Ce compositeu­r, admiré par Berlioz et Wagner, était beaucoup joué durant tout le XIXe siècle. Pourtant, Daniel-François-Esprit Auber, né en 1782 et mort en 1871, dont le buste trône sur la façade sud de l’Opéra de Paris aux côtés de Mozart, Rossini, Meyerbeer ou encore Halévy est, comme ces deux derniers, tombé dans l’oubli.

Le voici à nouveau à l’honneur avec Le Domino noir, un opéracomiq­ue créé en 1837, assez bavard, où s’insèrent de très belles mélodies. Une rareté, donc, coproduite par l’Opéra royal de Wallonie et l’Opéra-Comique qui en a eu l’initiative artistique. Si l’histoire pouvait être truculente et mystérieus­e au XIXe siècle, elle paraît aujourd’hui bien désuète. Tout l’art des metteurs en scène Valérie Lesort et Christian Hecq a été de la mettre au goût du jour. Ils ont en premier lieu donné une nouvelle allure à cette oeuvre. Nouveaux éléments de décor et superbes costumes, tout a été imaginé pour transforme­r la pièce sans en dénaturer l’histoire. Puisque le livret est truffé de longs dialogues, ces deux metteurs en scène venus du théâtre ont eu la chance d’avoir des chanteurs que le jeu d’acteur parfois très physique n’a pas effrayés. Une distributi­on d’ailleurs de très bon niveau, énergique et vocalement impeccable. Résultat : on assiste à une oeuvre fraîche qui a beaucoup fait rire les groupes scolaires présents lors de la générale à Liège où nous étions. Au croisement de l’opéra-bouffe, de l’opérette et de la pièce de boulevard, Le Domino noir, avec son intrigue entre madame, le mari, l’amant, une reine et une abbesse, rappelle un peu Feydeau. Ce qui n’a pas échappé aux metteurs en scène. On se régale des multiples surprises visuelles de cette production, qui pourraient paraître anecdotiqu­es si elles n’accompagna­ient pas l’histoire avec tant de justesse. Un vrai dépoussiér­age en somme. Seul bémol à ce bel ensemble, la gestuelle trop exagérée des chanteurs, qui frise par moments la caricature. Opéra-Comique (Paris IIe) du 26 mars au 5 avril (0.825.010.123).

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