Le Figaro Magazine

LE RENOUVEAU DE LA RANDO

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En montagne, en rando, on dépasse les gogos… Un clin d’oeil à Joe Dassin et à sa Complainte de l’heure de pointe que pourraient siffloter, au pied des remontées mécaniques, les adeptes – environ 150 000 – de la randonnée à ski. Contrairem­ent aux années 1970, elle n’est plus cette activité ringarde ou extrême réservée aux forçats de la Pierra Menta, aux chasseurs alpins suant sang et eau sous leur barda pour avaler, pas à pas, le dénivelé d’une pente si facile à descendre. Après le succès du running, du trail, du crossfit, la rando, elle aussi, rend accro. Toutes génération­s confondues, on redécouvre cette pratique offrant à moindre coût – on oublie le prix du forfait – un loisir écologique, proche de la nature, qui reste physique sans réclamer un entraîneme­nt d’athlète. Le matériel, une seule paire de skis, s’est modernisé et grandement allégé. Si les bimbos des cours commandos et autres boot camps trouvent le moyen de continuer à se surpasser, les jeunes sportives envisagent le levé de talon comme une séance de fitness en plein air. A chacun sa motivation. Mais débuter n’est plus un problème. Plusieurs stations françaises proposent des parcours balisés pour partir en autonomie en toute sécurité. En 2012, Courchevel créait la première piste de ski alpinisme damée : elle en compte deux aujourd’hui. SerreCheva­lier, Chamonix, Peyragudes, La Plagne, Les Arcs, l’Alpe-d’Huez, Méribel, Chamrousse, Val-Thorens, Val-d’Isère notamment… ont rejoint ce club de plus en plus ouvert avec un atout pour les sites où l’on peut randonner au coeur d’une forêt de sapins, comme à La Clusaz. Au pied de la bosse de Beauregard, certains prennent les perches du téléski des Riffroids, d’autres attaquent directemen­t avec les peaux de phoque. Que les âmes sensibles se rassurent, elles sont en synthétiqu­e. Un peu de souffle, un petit coup de jarret et la grimpette commence animée par une alternance de passages en sous-bois et en bordure de piste – deux tracés ont été inaugurés l’an dernier sur le plateau de Beauregard et le massif de l’Etale, niveaux initiation et confirmé. Et retrouver le plaisir de « marcher à skis » dans un paysage meringué de neige : un peu plus seul, débadgé, plus libre, loin des écrans de contrôle. « La montagne offre à l’homme tout ce que la société moderne oublie de lui donner », disait Boris Vian. Le temps ? On s’en fiche. On l’a semé.

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