LE BONHEUR DE CHACUN
Les délais sont assez longs devant le juge aux affaires familiales, prévient Philippe Bardoul, avocat au barreau de Nantes. C’est une juridiction assez encombrée. » De fait, il faut près de dix-huit mois pour qu’une requête de divorce soit examinée, ce qui est douloureux, et toujours dramatique pour les enfants dont la construction peut être altérée par des querelles qui les dépassent. Le film de Pierre-Laurent Ledoux montre le quotidien des affaires familiales au tribunal de Nantes. Elles représentent 60 % du contentieux civil. Et sont en augmentation. Nous voyons travailler juges, greffiers et avocats. Leur délicatesse, leur empathie, la distance qu’ils doivent garder face aux souffrances étalées devant eux. Le ton monte entre des époux qui se sont aimés. On se déchire, on ne se parle plus, on veut voir ses enfants plus souvent. Un juge, Godefroy du Mesnil, cite Boris Vian : « Nous ne voulons pas le bonheur de tous, nous voulons le bonheur de chacun. » Une autre, Véronique Rouillon, dit son agacement que les demandes de chacun des parents soient parfois incompatibles avec l’intérêt des enfants. Tous sont accablés par la lenteur due à l’accumulation des affaires. Faut-il doubler le nombre de juges ? Faut-il avoir recours - l’expérience est montrée - à des médiateurs ?
Il est rassurant, dans l’angoissant palais de justice de Nantes signé Jean Nouvel, tout en grilles noires, de voir palpiter de beaux éclats d’humanité concourant à une société plus sereine et plus douce.
Les Murmures du palais, de Pierre-Laurent Ledoux, LCP, lundi 12 mars, 20 h 30, suivi d’un débat animé par Jean-Pierre Gratien.