STALINE ET SA MEUTE
★★ DANS L’ÉQUIPE DE STALINE, de Sheila Fitzpatrick, Perrin, 443 p., 25 €.
Rien n’oblige à partager le dilemme posé d’emblée par Sheila Fitzpatrick : le noyau dirigeant qui entoura Staline des années 1920 à sa mort se livrait-il à des « pratiques criminelles » ?
La seule réponse à cette (surprenante) question, est : oui ! Saluons en revanche la qualité du travail de ce professeur d’Histoire à l’université de Sydney. En analysant ce qu’elle désigne comme
« l’équipe de Staline » mais qu’il faudrait plutôt qualifier de meute tant ces hommes firent de mal, Fitzpatrick, spécialiste du monde slave, démontre à quel point le marxisme-léninisme soviétique fut avant tout une aventure idéologique. L’oeuvre globale d’un parti totalitaire, d’un cercle dirigeant assez stable (Beria, Khrouchtchev, Molotov, Kaganovitch, Malenkov, Boulganine, Vorochilov ou Mikoïan) et pas seulement les ravages d’un dictateur isolé, fût-il aussi monstrueux que Staline.
Quoique discrète sur le rôle du père fondateur, Lénine, dans la mise en place du système de terreur qu’il légua à son héritier, la chercheuse distingue à juste titre le « retour au léninisme », forme de dictature plus collective, pratiquée par les survivants de la meute après le décès de Staline (1953), d’une « démocratie » qui n’exista jamais en URSS. Les communistes cessèrent certes de se tuer entre eux, mais en maintenant la dictature absolue du Parti et de l’Etat.