Le Figaro Magazine

112 Horlogerie

Pendant presque vingt ans, Angelo Bonati a tenu avec adresse la barre de cette marque italienne aux nombreux fans. Retour sur une histoire à part.

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En Italie, la « mamma » est sacrée. Chez Panerai, ce serait plutôt le « papa ». Angelo Bonati, un Milanais qui a passé les deux dernières décennies à faire grandir la marque Officine Panerai, le dit lui-même : c’est « moins en manager qu’en père de famille » qu’il a dirigé l’entreprise. A la fin du mois, il passera le relais à Jean-Marc Pontroué, qui était depuis 2012 président de Roger Dubuis (Richemont). Si ce dernier imprimera évidemment sa marque, il restera sûrement dans le sillage tracé par son prédécesse­ur. « Panerai est une marque particuliè­re, avec une culture très différente de nos voisins helvétique­s, raconte le futur ex-patron. Notre histoire n’a rien à voir avec la tradivendu tion du paysan suisse qui ne peut pas sortir de chez lui à cause de la neige et se met à faire des montres ! J’ai donc toujours été obsédé par l’idée de faire des choses différente­s des autres. » L’aventure commence en 1997, au moment du rachat par le groupe Richemont (qui s’appelle alors Vendôme), de cette marque qui n’en est pas encore vraiment une, fondée au début du XXe siècle par un commerçant florentin qui devient fournisseu­r de la Marine royale italienne. Frais émoulu de Cartier, Angelo Bonati est nommé aux com- mandes de cet ovni. « Mes collègues n’en revenaient pas que j’accepte d’aller vendre “ces horloges de poignet ” », se souvient-il. Lui se pique presto au jeu, séduit par ce drôle de produit qui affiche un diamètre impression­nant de 44 mm de diamètre. Et flaire le potentiel à un moment où les montres militaires sont très prisées aux enchères.

Un test est d’abord fait en Italie avec 1 000 pièces, et la complicité de trente « bons » points de vente, qui prennent chacun trente pièces. « Au bout d’une semaine, ils avaient tout ! » Après ce test concluant, le jeune dirigeant organise un lancement internatio­nal au SIHH à Genève en 1998. « Nous n’avions pas de stand puisque nous étions encore une marque “virtuelle”. J’étais dans un petit bureau prêté par Cartier. Les détaillant­s, comme la presse, étaient très attirés par le phénomène. Il y avait la queue dehors ! » Rapidement, Panerai galvanise les mordus de montres avec un design et une histoire à part. Le défi a ensuite été de construire une crédibilit­é technique. De gros investisse­ments sont engagés pour construire une manufactur­e à Neuchâtel, inaugurée en 2002, qui permettra de lancer trois ans plus tard le premier mouvement maison, le P.2002, un calibre mécanique à remontage manuel doté d’une

réserve de marche de 8 jours. Il sera suivi de nombreux autres, et une autre manufactur­e ultramoder­ne est ouverte en 2014. Officine Panerai se fait remarquer également avec l’utilisatio­n de matériaux innovants. Grand amateur de voile, Angelo Bonati a par ailleurs embarqué la marque dans cet univers pour la communicat­ion, sponsorisa­nt la fameuse course Panerai Classic Yachts Challenge à partir de 2005, et participan­t au renouveau d’embarcatio­ns anciennes, comme Eileen, un ketch construit aux Bermudes dans les années 1930, racheté, restauré et remis à l’eau en 2009. Aujourd’hui, le président de Panerai s’apprête à prendre sa retraite de l’horlogerie, mais continuera assurément à naviguer.

ÉLODIE BAËRD

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Angelo Bonati aura passé trente-cinq ans au sein du groupe Richemont, dont presque vingt à la tête de Panerai.
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 ??  ?? Le premier mouvement maison, le P.2002, clin d’oeil à l’année d’ouverture de la manufactur­e Panerai, affiche alors 8 jours de réserve de marche.
Le premier mouvement maison, le P.2002, clin d’oeil à l’année d’ouverture de la manufactur­e Panerai, affiche alors 8 jours de réserve de marche.
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 ??  ?? Panerai a choisi de miser sur deux sujets : la voile classique (ci-dessus) et l’innovation, des calibres comme des matières. De gauche à droite, la Luminor Lo Scienziato, la Luminor Submersibl­e en bronze et la Radiomir 8 Days en céramique .
Panerai a choisi de miser sur deux sujets : la voile classique (ci-dessus) et l’innovation, des calibres comme des matières. De gauche à droite, la Luminor Lo Scienziato, la Luminor Submersibl­e en bronze et la Radiomir 8 Days en céramique .
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