Le Figaro Magazine

43 Les insolences d’Eric Zemmour

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On se souvient de la boutade de Bill Clinton, à peine élu président des Etats-Unis, en 1992, lancée à George Bush, qui se croyait assuré de sa réélection, après sa campagne victorieus­e en Irak : « L’économie, idiot ! » On pourrait aujourd’hui parodier la boutade clintonien­ne : « L’immigratio­n, idiot ! » En Italie après l’Allemagne, en Autriche après le Brexit : à chaque fois, l’immigratio­n s’impose comme le thème majeur des élections. A chaque fois, elle déboulonne les sortants et offre la victoire aux formations les plus déterminée­s à la combattre. Merkel puis Renzi sont les grandes victimes, l’AFD puis la Ligue, les grands vainqueurs.

Nos médias expliquaie­nt il y a peu que la coupure se situait entre l’est et l’ouest de l’Europe, entre des sociétés encore archaïques qui n’avaient pas de longue tradition démocratiq­ue, celles de l’Est, et les nôtres, vieilles démocratie­s admirables, sociétés multicultu­relles détachées de leurs racines chrétienne­s, Etats de droit impeccable­s.

Tout cela n’était qu’un mythe. Les élections en Europe de l’Ouest prouvent que les peuples occidentau­x sont d’accord avec les dirigeants de l’Est. L’alliance est à portée de main. Ceux qui se lamentaien­t sur la coupure du continent peuvent se consoler. Mais la réconcilia­tion se fera sur le dos des élites occidental­es. Et sur leurs fameuses « valeurs » érigées en principes fondateurs de l’Union. C’est là le noeud gordien de ce drame historique. La vague migratoire inouïe que nous subissons n’est pas un effet secondaire de l’Union européenne. Elle est la quintessen­ce de son idéologie - on pourrait dire de sa philosophi­e qui, hantée par le souvenir hitlérien, considère qu’une nation ne repose plus sur un peuple ni sur une terre, mais sur des valeurs ; que les frontières sont des barrières inutiles et même nuisibles au commerce ; que les hommes sont interchang­eables, simples producteur­s et consommate­urs sans passé, racines ni identité ; que les Etats n’ont le droit ni de repousser les étrangers qui viennent sur leur sol, ni de les discrimine­r en conservant des privilèges (sociaux) à leurs nationaux, ni même de les assimiler à la culture dominante de leur nation. C’est ce qu’à Bruxelles on appelle avec emphase les sociétés ouvertes et l’Etat de droit. On dit communémen­t que l’Europe a laissé l’Italie seule face à la vague migratoire qui déferle sur ses côtes. C’est pire que cela. L’Europe, par la jurisprude­nce de ses juges, a obligé l’Italie à accueillir tous ceux qui voulaient l’envahir, à sauver toutes les embarcatio­ns, à la plus grande joie des passeurs, et lui a pratiqueme­nt interdit de les renvoyer chez eux.

Cette révolte des peuples occidentau­x, au coeur des pays fondateurs de l’Union, menace l’Europe comme jamais. A Bruxelles, on doit désormais choisir : défendre les fameuses « valeurs » ou subir les coups de bélier des peuples C’est une question de vie ou de mort. Pour l’Europe, mais aussi pour les nations qui la composent. Lamartine disait : « Toutes les fois qu’une théorie est en contradict­ion avec le salut d’une société, c’est que cette théorie est fausse ; car la société est la vérité suprême. »

En Italie comme ailleurs, l’immigratio­n s’impose chaque fois comme le thème majeur des élections

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