24 Le match : l’« Hermione » vs le « Belem »
Si l’Hermione, célèbre réplique du vaisseau de La Fayette, a quitté le mois dernier La Rochelle pour cingler vers Tanger, au Maroc, première escale d’un périple de quatre mois et demi en Méditerranée, le Belem, le plus connu des grands voiliers français, a rejoint, lui, son port d’attache nantais. Il reprendra la mer mi-avril pour croiser dans les mers d’Europe à l’occasion d’une trentaine de voyages auxquels participeront chaque fois une quarantaine de stagiaires.
Pour ces géants du patrimoine maritime, la rentabilité est un enjeu majeur. Entre privatisation à quai ou en mer, embarquement de volontaires payants, partenariats et présence dans les grands festivals et rassemblements, les vieux gréments et les plus beaux bâtiments du monde entier se livrent une véritable guerre de course pour pouvoir continuer à naviguer dans de bonnes conditions, payer les salaires des équipages et entretenir leurs équipements. Un exercice bien rodé pour le Belem qui, en près de trente ans de mer en tant que navire-école, a embarqué 35 000 stagiaires. Mais son équilibre financier reste complexe. « Les recettes d’exploitation qui constituent notre budget proviennent de la commercialisation des navigations, de la location du navire à des entreprises ou collectivités, de la vente de produits et de la perception de royalties, précise la Fondation Belem. Ces recettes couvrent environ le tiers de nos charges, qui s’élèvent à 2,8 millions d’euros par an. Le complément est apporté par la Caisse d’épargne, mécène historique principal, et par un flux de dons et d’apports en mécénat. » Après le succès international de sa première transatlantique en 2015, l’association Hermione-Lafayette, armateur et propriétaire du navire, s’est longuement interrogée sur son avenir. Car seules les visites payantes – plus de 200 000 visiteurs annuels – à Rochefort ou en escales constituent sa principale source de revenus. Mais l’Hermione a réussi à monter un nouveau projet. Baptisé « Libres ensemble de l’Atlantique à la Méditerranée » et placé sous la bannière de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), son périple le conduira du Maroc à Barcelone, à Sète, Toulon, La Ciotat, Marseille, Port-Vendres, Bastia, Portimão (Portugal), Pasaia (Espagne) puis enfin à Bordeaux. A son bord 350 gabiers provenant de 34 pays adhérents de l’OIF se relaieront. De quoi assurer une nouvelle fois son avenir immédiat jusqu’à son prochain grand voyage vers les Caraïbes vers 2020. CYRIL HOFSTEIN