Le Figaro Magazine

LE CROWDFUNDI­NG, MÈRE DE LA NOUVELLE HORLOGERIE

Beaucoup de marques naissent sur des plates-formes en ligne de financemen­t participat­if. Une méthode qui apporte des fonds, de la visibilité, mais recèle aussi des pièges.

- Fabrice Eschmann

Ce qui était une curiosité de la nouvelle économie, un outil innovant pour entreprene­ur rêveur, est devenu un véritable phénomène. Plus un jour ne passe sans le lancement d’une campagne de financemen­t participat­if, et le secteur de l’horlogerie, pourtant réputé frileux sur le terrain dématérial­isé du web, n’y coupe pas. Rien qu’en Suisse, une centaine de projets ont été lancés ces douze derniers mois. Les marques Triton, ZRC, Klynt, Baltic, Laventure, Bolido, Montfort, Klokers, Code41, Czapek ou Horage, pour n’en citer que quelquesun­es, ont été attirées autant par la promesse de fonds rapidement récoltés – via des clients qui préachèten­t en ligne –, que par l’immense caisse de résonance qu’offre, par exemple, Kickstarte­r. Une plateforme, la plus grande au monde, dont il ne faut cependant pas abuser. Basée à Annecy (même si ses montres sont « Suisse Made »), la marque Klokers fait figure de championne de sa catégorie dans la course au financemen­t alternatif. Ses deux campagnes mondiales, en 2015 sur Kickstarte­r et 2017 sur Indiegogo, lui ont permis de rassembler 600 000 € et 500 000 € en précommand­es. « Cela nécessite des ingrédient­s bien précis sur ce créneau, explique le cofondateu­r Richard Piras. C’est-à-dire un prix abordable (de 150 à 380 €) et un concept bien ficelé. Nous avons aujourd’hui 10 000 abonnés à notre newsletter. »

« SE CONFRONTER DIRECTEMEN­T AU MARCHÉ »

Une communauté, c’est la première chose qu’est venu chercher Code41 : « Nous avons tout misé là-dessus », souligne d’entrée son fondateur, Claudio d’Amore. La société de Lausanne a axé toute sa communicat­ion sur la transparen­ce, notamment concernant l’origine des composants. Résultat : un buzz qui a permis à la marque de compter plus de 15 000 inscrits sur son site, avant même de se lancer sur Kickstarte­r où elle a amassé 460 000 € en 2016. « Cette manière de faire est aussi un moyen de se confronter directemen­t au marché, de valider un projet », assure le jeune patron. Alexandre Meyer est moins enthousias­te. Pour sa jeune marque Phenomen, installée à Besançon, il a fini par choisir un mode de financemen­t traditionn­el, privilégia­nt le crédit et les investisse­urs. « Ces sites sont un peu des tremplins en trompe-l’oeil : si ça marche, il est ensuite très difficile de rendre son entreprise pérenne, de la doter d’un réseau de distributi­on classique », affirme-t-il. Pour éviter cette stratégie à court terme, Réservoir a choisi une autre option offerte par le financemen­t participat­if, la souscripti­on d’actions (equity crowdfundi­ng). Sa campagne sur Raizers en 2017 lui a permis d’accumuler 1,4 million d’euros. Proposant des montres jusqu’à 4 000 €, la marque a préféré se constituer une « communauté d’investisse­urs, explique le CEO François Moreau, ancien de chez HSBC. Au-delà de 1 500 €, il est très risqué de viser les précommand­es. Les personnes que nous avons convaincue­s sont motivées pour nous suivre sur la durée.

 ??  ?? Klokers
Klokers
 ??  ?? Code41
Code41

Newspapers in French

Newspapers from France