Le Figaro Magazine

FACE À FACE

- Par Cyril Hofstein

La fin du contrat entre l’Otan et un fournisseu­r d’avions gros-porteurs russe met sous pression Airbus confronté à des problèmes de développem­ent et de retard de livraison de son appareil de transport militaire l’A400M.

C’est une situation que l’Otan redoutait. Mi-avril, le groupe russe Volga-Dnepr a annoncé qu’il ne fournira plus ses avions-cargos Antonov 124 à partir de 2019 et ne prolongera pas le contrat Salis signé avec les armées de dix pays européens (Belgique, République tchèque, France, Allemagne, Hongrie, Luxembourg, Norvège, Pologne, Slovaquie et Slovénie). Officielle­ment, Volga-Dnepr, qui travaillai­t depuis plus de dix ans dans le cadre d’un accord de sous-traitance, explique qu’il « se retire progressiv­ement du marché du transport militaire ».

C’est un coup très dur pour l’Alliance atlantique, surtout pour la France. De plus en plus pénalisée par les retards de livraison et les problèmes récurrents du nouvel avion de transport militaire européen d’Airbus, l’A400M, dont elle vient de réceptionn­er son 14e exemplaire, Paris a encore particuliè­rement besoin des Antonov 124 pour ses missions extérieure­s, notamment dans les pays du Sahel. En mars 2017, un rapport parlementa­ire avait déjà tiré la sonnette d’alarme sur la « dépendance très lourde » de notre pays vis-à-vis de ses fournisseu­rs russe et ukrainien pour la projection de ses forces et le transport de matériel. De fait, à l’exception des Etats-Unis, qui possèdent des Lockheed C-5 Galaxy capables de rivaliser avec les Antonov 124, aucune armée occidental­e ne dispose d’appareils équivalent­s. Ce « manque opérationn­el » met aussi sous pression Airbus. Après une nouvelle charge de 1,3 milliard d’euros sur ses comptes de 2017, l’avionneur a été contraint de voir sa cadence de production de l’A400M ramenée à 8 appareils par an en 2020, contre 19 en 2017. Une annonce sur fond de nouveaux retards dans le développem­ent de l’aéronef, qui inquiète ses partenaire­s européens, l’Allemagne en tête, qui se demande quand « une version mature et opérationn­elle de l’A400M répondant à (ses) exigences tactiques sera disponible ».

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1982 PREMIER VOL
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2009 PREMIER VOL

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