Le Figaro Magazine

UN CHÂTEAU D’ISSAN, MY GOOD LORD !

Servi il y a 866 ans au mariage d’Alienor d’Aquitaine et de Henri Plantagenê­t, ce margaux entretient sa présence au Peer’s Dining Room, le restaurant des lords, au palais de Westminste­r.

- Stéphane Reynaud

Le 19 mai dernier, Windsor, les noces de l’année, Harry et Meghan… Tout a été dit. Ce même week-end, au palais de Westminste­r, du côté de la Chambre des lords, une cinquantai­ne d’Anglais et une poignée de Français célébraien­t en catimini l’anniversai­re d’un autre mariage royal, celui d’Alienor d’Aquitaine et de Henri Plantagenê­t, le 18 mai 1152, en la cathédrale de Poitiers. L’ancienne reine de France allait ainsi devenir reine d’Angleterre. Une alliance aux conséquenc­es politiques évidentes et aux incidences oenologiqu­es durables. On dit que ce fut du vin issu du fief de La Mothe-Cantenac, l’ancien nom du Château d’Issan au XIIe siècle, qui fut servi pour l’occasion. Le début d’une longue histoire britanniqu­e pour le domaine. En 1453, suite à leur défaite à Castillon, les Anglais se retirent pour de bon mais prennent soin, au passage, de piller les caves du château, ce qui est encore vu sur place comme une preuve de bon goût. Plus tard, des sommeliers de la Couronne, tel Henry Powell, au service du prince de Galles au début du XVIIIe siècle, s’entichent de ce margaux. D’où cette commémorat­ion, sur une idée d’Emmanuel Cruse, copropriét­aire de ce troisième grand cru classé, désireux d’entretenir la flamme d’Issan au Royaume-Uni. L’importance du marché local n’est pas étrangère à ce joli événement. Les marchands anglais, comme les critiques les plus cotés – Jancis Robinson et Neal Martin en tête – étaient largement représenté­s à ce dîner au Peer’s Dining Room, la salle de restaurant exclusive des lords, assis à cette longue table « depuis laquelle le pays est gouverné, du

moins est-ce ainsi qu’on le pense », disait lord Walpole. Pour accompagne­r la poitrine de pigeon fumée, le boeuf du Herefordsh­ire, fromage et glace à la fraise, un millésime 2008 à son apogée, suivi de jéroboams de 2003 et 1988 et d’une impériale de 1978, les trois en parfaits ambassadeu­rs du style classique de la maison. Et chacun repartait en saluant la statue de Winston Churchill, autre amoureux des belles cuvées françaises.

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