L’ENCENS, ÉVEIL DES SENS
Grâce au savoir-faire de la maison Dior, le musée Cernuschi perce les mystères des parfums de Chine.
Sous la dynastie Ming (XIVe-XVIIe), le parfum évoque le comble du raffinement. Il s’adresse à un nez éduqué, celui d’un lettré, d’un fonctionnaire de haut rang ou d’une dame qui en imprègne son oreiller ou ses vêtements (photo ci-contre : Femme parfumant ses manches sur un brûle-parfum, de Chen Honshou, dynastie Ming). Ne dit-on pas alors d’une belle peinture qu’elle diffuse un « parfum de littérature ». Le musée Cernuschi a fait appel à un expert, François Demachy, parfumeur-créateur de la maison Dior, pour restituer toute la subtilité de ces fragrances. S’appuyant sur les recettes ancestrales de la fabrication d’encens, il associe bois de santal, d’aigle, ambre gris, réglisse, musc, benjoin… Sa réinterprétation des formules anciennes ponctue les grandes dates du parcours chronologique de l’exposition. En contrepoint des 110 magnifiques objets, céramiques, bronzes, peintures, toiles ou dessins – venus en grande partie des collections du musée de Shanghaï –, des bornes proposent des expériences olfactives inédites. Au fil des salles, on décou- vre l’importance fondamentale de l’encens dans la culture chinoise et ce depuis la période des Zhou qui débute dix siècles avant notre ère. Il est indissociable des rites païens puis du bouddhisme et plus tard d’un art de vivre, d’une gestuelle, qu’accompagnent des brûle-parfums et autres accessoires de plus en plus sophistiqués. On admire la virtuosité technique des bronziers, laqueurs et sculpteurs dans des variations follement inventives et artistiques propices à la méditation. Fascinant ! « Parfums de Chine », musée Cernuschi, Paris VIIIe, jusqu’au 26 août.