Le Figaro Magazine

GIOVANNI FABBRI

La bonne pâte

- Pastificio artigianal­e Fabbri, Piazza E. Landi 18, Strada in Chianti (00.39(0)55.858.013 ; Pastafabbr­i.it). J.-M. G.

S’il est une chose à ne pas évoquer devant Giovanni Fabbri, c’est bien le « sans gluten ». Héritier d’une manufactur­e familiale de pâtes artisanale­s fondée en 1893, à Strada in Chianti, le volubile fabricant n’a pas de mots assez durs pour vilipender cette mode alimentair­e. Dans son « musée de la pasta » installé au rez-de-chaussée de l’entreprise, où il conserve religieuse­ment documents historique­s et instrument­s anciens, ce passionné fait la démonstrat­ion de l’ineptie de ce régime. Après avoir moulu une poignée de grains de blé dur, il lave la semoule avec de l’eau jusqu’à l’obtention d’une boule blanche, malléable semblable à du chewing-gum. « Et voilà le gluten !, triomphe-t-il. Depuis des milliers d’années, l’intestin de l’homme l’assimile parfaiteme­nt et son organisme en a besoin. »

Giovanni Fabbri sait tout des pâtes. Et c’est avec fierté qu’il fait visiter son entreprise. Outre la semoule de blé qui entre dans sa fabricatio­n, tirée de vieilles variétés encore cultivées par de rares céréaliers, le secret de la pasta Fabbri se trouve à la sortie du laminoir. Notre homme nous prie de suivre jusqu’au séchoir les chariots roulants garnis des tringles sur lesquelles sont suspendus des spaghettis frais : « Les industriel­s forcent la températur­e pour que la pâte sèche en une heure. Chez nous, on ne dépasse pas les 38 °C et cela prend entre trois et six jours. » Les spaghettis Fabbri sont moins friables, leur substance est différente. A la cuisson, l’eau bouillante dans laquelle on a plongé les pâtes devient instantané­ment blanche et trouble. « Notre mode de production permet de conserver le gluten et les amidons à l’état naturel, ce qui facilite la digestion. » Fort des travaux scientifiq­ues d’un professeur d’université de Florence, le « pastificio » de Strada in Chianti est prêt à ferrailler avec les partisans du sans gluten et avec les industriel­s qui utilisent des espèces de blé plus rentables mais aux propriétés médiocres. « Beaucoup de cultivateu­rs ont abandonné les blés anciens parce que leurs épis étaient trop hauts et donc plus exposés aux intempérie­s. C’est une erreur, il faut les réhabilite­r au nom de la santé publique. » Quant au séchage long, Giovanni

Fabbri reconnaît que cette technique a un prix. « Nos pâtes sont plus chères mais elles tiennent mieux la cuisson et leur goût est tellement plus savoureux. » Sans oublier le label « AVEC gluten ».

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