FILIPPO RICCI
Classe et audace
Ses clients doivent parfois patienter six mois pour enfiler un smoking de soie sur mesure Stefano Ricci. La raison en est simple et se trouve sur la rive gauche de l’Arno, près de son spectaculaire magasin florentin du palazzo Tornabuoni. En 2010, le groupe Ricci a racheté à la maison Emilio Pucci l’Antico Setificio Fiorentino, un tissage datant du XVIIIe siècle. Et c’est dans cette manufacture fondée en 1786 que le groupe fabrique ses tissus de soie les plus nobles sur des métiers d’époque semi-mécaniques – l’un d’eux ne produit que 40 à 80 centimètres par jour.
Les Ricci ont un rapport tout particulier à la soie. Stefano, le fondateur de la maison, a commencé en fabriquant des cravates il y a quarante-cinq ans. Et son fils Filippo, directeur de la création de ce qui est devenu le groupe Ricci, n’hésite pas à présenter les réalisations paternelles comme les meilleures cravates au monde. Depuis lors, Stefano a fait du chemin et ses deux fils, Niccolò et Filippo, tiennent désormais les rênes. C’est le second qui nous reçoit dans l’extraordinaire magasin situé au coeur de Florence. L’espace aménagé dans ce qui fut une banque recèle l’élégance si singulière de la mode masculine italienne : un style où toutes les audaces sont permises qu’il s’agisse des matières ou des couleurs sans faire de concession à la classe. Il faut avoir vu ce temple dont l’entrée est gardée par une monumentale statue d’aigle, symbole de la griffe. Chaque meuble est fait de bois précieux ; les fauteuils revêtus de cuir orangé ; les divers corners, en ébénisterie noble, présentent chacun un style. Les cuirs les plus souples voisinent avec des peaux de crocodiles aux teintes les plus vives. Quand Filippo Ricci nous entraîne au sous-sol, ce n’est pas pour visiter l’ancienne salle des coffres-forts. Le directeur de la création y expose sa ligne d’arts de la table, vaisselle et argenterie combinées avec cette touche maison inimitable. Le tour du propriétaire s’achève dans le showroom souterrain où il propose à ses clients d’aménager leur yacht. Cuir blanc et acajou : la cabine « témoin » a de l’allure. Pas de doute, ces Florentins fiers de leurs racines ont aussi le pied marin.