BLABLACAR Iain Reid
Une jeune femme (dont on ne saura jamais le nom) laisse son esprit vagabonder et se répète en boucle : « Je songe à en finir. » Ça commence bien ! Il fait un froid de canard. La nuit ne va pas tarder à tomber. Et la voiture que conduit son nouveau petit ami Jake traverse une campagne morne, pour ne pas dire lugubre, parsemée de bâtisses abandonnées et de granges brûlées. Jake a décidé de présenter sa nouvelle copine à ses vieux parents, qui vivent chichement dans une ferme isolée. Alors que la neige commence à recouvrir la route, le couple s’embarque parfois dans des conversations plus ou moins étranges, ponctuées de considérations philosophiques. Le reste du temps, la jeune femme pense qu’elle devrait quitter sans trop traîner ce fiancé brillant et cultivé, un brin singulier, qu’elle a rencontré peu de temps auparavant. Enfin, pour couronner le tout et rendre l’atmosphère encore plus pesante, des coups de fil anonymes, qui proviennent bizarrement de son propre numéro, viennent troubler ses lancinantes réflexions… En dire plus serait gâcher les effets de ce court roman noir étrange et fascinant, extrêmement sophistiqué et très habilement ficelé. Une chose est sûre : Iain Reid, dont c’est ici le premier thriller, a beaucoup lu Stephen King et maîtrise comme lui l’art subtil de rendre, sans véritable raison objective, les choses de plus en plus irrespirables et inquiétantes. Jusqu’au dénouement, stupéfiant et brutal, qui ne donne qu’une envie : remonter en voiture et refaire, avec un oeil nouveau, ce voyage sournoisement angoissant.
Je sens grandir ma peur, Presses de la Cité, 208 p., 18 €. Traduit de l’anglais (Canada) par Valérie Malfoy.