Le Figaro Magazine

LES FORCENÉS

Par leur recours abusif à la grève, les cheminots se sont discrédité­s aux yeux du pays

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Au moins ne cachent- ils rien de leur objectif : provoquer le maximum de nuisances. « Il faut taper là où ça fait mal, c’est-à-dire perturber les grands départs » , expliquait sans honte la semaine dernière un responsabl­e du syndicat SUD de la SNCF. Jusqu’au bout, les forcenés de la CGT et de SUD continuero­nt donc à pourrir la vie de millions de Français avec leur grève. Malgré le vote au Parlement, à une majorité écrasante, de la loi réformant – enfin – l’entreprise publique. Malgré les 400 millions d’euros que ce conflit a déjà coûté aux contribuab­les. Malgré la réprobatio­n écrasante de l’opinion, opposée à 75 % à la poursuite du mouvement.

Face à ce jusqu’au-boutisme, la question de l’interdicti­on du droit de grève est légitime. La règle s’applique d’ailleurs en Allemagne pour les agents publics. Et chez nous, le recours à la grève est encadré, voire prohibé, dans la police, les tribunaux ou les hôpitaux afin de garantir le service public. Les cheminots, qui affirment en être les plus ardents défenseurs, démontrent, eux, combien ils le méprisent en perturbant systématiq­uement le trafic ferroviair­e pour imposer leur moindre revendicat­ion. A défaut de leur interdire la grève (aucun gouverneme­nt n’osera), on pourrait au moins la rendre un peu plus démocratiq­ue : il est anormal qu’une petite minorité du personnel de la SNCF dispose d’une aussi grande capacité de nuisance. On devrait imposer aux cheminots un vote à la majorité (et à bulletins secrets pour éviter les manoeuvres d’intimidati­on dont sont victimes les non-grévistes depuis le début du conflit) avant qu’ils aient le droit de bloquer les trains. A tout le moins, il faudrait commencer par instaurer un vrai service minimum que Nicolas Sarkozy, en son temps, n’a pas réussi à mettre en place. Car autant la limitation du droit de grève (reconnu par la Constituti­on) peut faire débat, autant le droit des usagers à pouvoir se déplacer ne devrait souffrir aucune contestati­on. D’ailleurs, la continuité du service public est, elle aussi, un principe à valeur constituti­onnelle. Qu’attend-on pour la mettre en oeuvre ? La période serait d’autant plus propice que les cheminots se sont discrédité­s aux yeux du pays par un recours abusif à la grève. Depuis le début du mouvement, ils savent pertinemme­nt que le gouverneme­nt ne reviendra pas sur son projet et leur bras de fer n’obéit qu’à une logique d’opposition politique au pouvoir. Les Français ne se sont d’ailleurs pas trompés, qui se sont montrés majoritair­ement hostiles au conflit dès son commenceme­nt. On est bien loin de la « grève par procuratio­n » de 1995.

Une nouvelle fois, les syndicats ont démontré avec cette crise à la SNCF qu’ils privilégia­ient la défense de leurs propres intérêts, se fichant comme d’une guigne du préjudice qu’ils pouvaient causer au pays. Pour faire cesser cette situation, il n’y a qu’une solution : mettre un terme à leur financemen­t public. Si nos syndicats devaient vivre des cotisation­s de leurs adhérents, ils essaieraie­nt d’être un peu plus représenta­tifs, et se préoccuper­aient davantage des Français.

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