Le Figaro Magazine

BACHAR EL-ASSAD

Retour à une vie “normale”

- Georges Malbrunot

Il paraît bien loin le temps où Bachar el-Assad conduisait sa voiture place des Omeyyades, le coeur battant de Damas, ou déambulait en amoureux avec son épouse, Asma, dans les souks d’Alep. Depuis le lancement de la révolte contre son pouvoir au printemps 2011, ces opérations de relations publiques sont terminées. La sécurité personnell­e du raïs est un impératif de tous les instants, qui a bousculé nombre de ses habitudes. Mais pas toutes. Le couple Assad continue d’habiter leur maison de Malki, un quartier résidentie­l de la capitale. Bachar travaille toujours à son bureau du « Palais du peuple » sur lequel trône un grand ordinateur, et reçoit dans une maison en pierres ocre sur une colline en contrebas du mont Qassioun pour des entretiens avec la presse. Les premières années de la révolte, alors que son pouvoir vacillait, le raïs ne sortait pratiqueme­nt pas de ses résidences. Mais depuis que l’aviation russe est venue à son secours, il s’autorise de nouveau des escapades : à Homs, dans la Ghouta reconquise par ses troupes, et dans la « montagne des Alaouites », son fief, où la population a payé un lourd tribut à la guerre. Objectif de ces déplacemen­ts : montrer que le Président reprend ses habitudes d’antan, comme si rien ou presque n’avait changé dans la vie d’un leader qui réprime de manière sanglante ses opposants.

UNE FAMILLE SOUS HAUTE PROTECTION

Asma, elle aussi, se montre plus volontiers, en train de recevoir des blessés de guerre ou des orphelins, ou lors de parrainage­s d’événements sociaux. Fini le temps des doutes pour la première dame qui a reconnu avoir décliné de juteuses offres financière­s pour quitter son mari et fuir, avec ses enfants, la Syrie en guerre. Une guerre qui a coûté la vie à plus de 350 000 personnes et provoqué l’exil de 5 millions d’habitants.

Sous haute protection, les trois garçons du couple continuent de fréquenter une école damascène. Eux aussi se déplacent. En juillet 2017, Hafez, l’aîné âgé alors de 15 ans qui porte le prénom de son redouté grand-père, est allé au Brésil participer aux Olympiades de mathématiq­ues. Discrétion oblige, la presse a découvert par hasard sa présence à Rio.

Quelques semaines après, accompagné de ses frères Zein (14 ans) et Karim (13 ans), le trio a séjourné en Russie à Artek, un ancien camp de pionniers de l’époque soviétique, transformé en centre de loisirs pour enfants de toutes les nationalit­és, désireux d’apprendre la langue russe et de « vivre une expérience forte » . Mais, là encore, la nouvelle n’a filtré que beaucoup plus tard. Depuis l’assassinat en 2012 de son mari Assef Shawkat, pilier de l’appareil sécuritair­e, Bouchra, la soeur aînée de Bachar, réside aux Emirats arabes unis, mais elle revient régulièrem­ent à Damas, visiter le clan.

Le couple reçoit parfois, le dimanche soir, un oncle qui partage son temps entre l’Europe et la Syrie. Bachar dispose toujours de gardes du corps, la plupart issus de la minorité alaouite, sa communauté. Des Iraniens, ses autres alliés, les ont- ils rejoints ? Mystère. Très peu d’informatio­ns filtrent sur la vie privée des Assad. Un couple résilient. A l’image du pouvoir qu’il incarne. ■

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Le « raïs », dans les rares images qu’il laisse filtrer, se donne l’apparence d’un homme affable.
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Au début des années 2000, la propagande officielle présente une famille moderne.
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Depuis la terrasse du palais présidenti­el qui domine la capitale Damas.

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