Le Figaro Magazine

CETTE REINE FUT UN VRAI ROI

Arrachant Catherine de Médicis à sa légende noire, Henri Pigaillem rappelle l’oeuvre politique de cette femme de tête.

- LA PAGE D’HISTOIRE DE JEAN SEVILLIA

éclenché le 24 août 1572, le massacre de la Saint-Barthélemy est sans doute l’épisode le plus tristement célèbre des guerres de Religion. Le plus sanglant, aussi : 2 000 à 3 000 victimes à Paris, 8 000 à 10 000 en province. Près de 450 ans plus tard, ce drame reste pourtant une énigme. Eliminer l’amiral de Coligny, protestant nommé l’année précédente au Conseil du roi, et avec lui les huguenots venus à Paris pour accompagne­r Henri de Navarre, le futur Henri IV, à l’occasion de son mariage avec Marguerite de Valois, la soeur du roi, s’expliquait du point de vue des ultras du parti catholique. Mais la politique de Charles IX et de sa mère, Catherine de Médicis, visait depuis longtemps à réconcilie­r les Français entre eux. Quel intérêt avaient-ils à relancer la guerre civile ? Charles IX a- t- il vraiment ordonné le massacre des protestant­s ? Quel a été le rôle de Catherine de Médicis ? L’affaire dissimulai­t-elle un coup de force organisé par la maison de Guise au profit de l’Espagne ? Où situer, dans cette tragédie, la frontière entre le politique et le religieux ? Henri Pigaillem, auteur de nombreuses biographie­s, spécialist­e de la Renaissanc­e et du XVIIe siècle, fait écho à ce débat tout en brossant un portrait de Catherine de Médicis qui aspire à tirer cette reine de la légende noire de l’histoire de France. Mariée au futur Henri II, la jeune femme commença par enchanter son beau-père, François Ier, puis subit en silence les avanies de Diane de Poitiers, la favorite de son mari, mais pour mieux préparer sa revanche. Trois fois régente quand Henri II était en campagne, mère de trois rois, François II, Charles IX et Henri III, sous le règne desquels elle aura de nouveau maintes fois assuré la régence, cette femme d’action énergique et volontaire, aura dominé la France pendant près de trente ans. L’auteur rappelle que Catherine de Médicis fut un diplomate de génie, et qu’en digne arrière-petite-fille de Laurent le Magnifique, elle fut un mécène exemplaire. Loin d’être la « diabolique », veuve noire revêche et cruelle mise en scène dans de nombreux films (ainsi dans les différente­s versions de La Reine Margot), Catherine de Médicis fut une grande tête politique. Catherine de Médicis, d’Henri Pigaillem, Belin, 410 p., 24,50 €.

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