Le Figaro Magazine

MIGNONNETT­E MAIS COSTAUDE !

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Une manche ne se remarque que si elle est mal montée. » Cette phrase, quiconque a déjà travaillé dans un atelier l’a souvent entendue. Au fil des siècles, le montage à la main a permis le développem­ent d’une impression­nante quantité de formes. La manche est un art à part entière. Elle peut être gigot, ballon, simple mancheron, raglan ou kimono.

A la Renaissanc­e comme sous le second Empire, les vêtements d’homme autant que de femme pouvaient s’enorgueill­ir de fantaisies de haut vol. Mais la rationalis­ation de la coupe tailleur au XIXe siècle, puis l’avènement de la mécanisati­on ont changé la donne. La manche montée est devenue plus simple, plus facile à réaliser. La doublure, toutefois, a longtemps été traitée autrement car cette partie de la veste est soumise à d’importants mouvements et pliures. Les drapiers ont ainsi inventé la mignonnett­e. Comme le coutil, qui est également rayé, c’est un tissu antédiluvi­en, épais et surtout plus glissant pour faciliter le passage des bras. Très résistante, la mignonnett­e doit encaisser l’attaque répétée des poings ou des ongles lors de l’enfilage du veston. La rayure est le signe d’un plus grand nombre de fils en chaîne. Traditionn­ellement, la mignonnett­e a une base écrue et ses rayures, de largeur variable, sont noires, marron, jaunes ou lie-de-vin. En deux décennies à peine, les étoffes à dispositio­n des tailleurs ont grandement évolué. Le poids des laines a fondu, pour satisfaire une clientèle toujours à la recherche de plus de légèreté. Les doublures ont suivi le mouvement. Et les manches se sont grandement affinées, ne tolérant pas d’épaisses doublures. La mignonnett­e est alors passée du coton à la viscose. Seules les bonnes maisons classiques la proposent encore.

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LA BONNE MESURE DU TAILLEUR SCAVINI

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