LA FÉE ÉLECTRICITÉ TISSE SA TOILE
La France a densifié ses installations de recharge lente. Mais plusieurs projets européens de « couloirs de recharge » devraient accélérer l’implantation du haut débit.
Les ventes de véhicules électriques (VE) demeurent confidentielles (11 755 immatriculations sur un total de 935 000 fin mai 2018) malgré 25 200 points de charge répartis sur près de 8 500 stations. Il faut dire que les infrastructures de recharge tricolores sont orientées dans leur presque totalité vers la recharge lente (entre 3 et 22 kW). Plus économiques à mettre en place, elles favorisent le « biberonnage », c’est-à-dire la recharge dès que l’occasion se présente. Faire le plein d’énergie prend donc du temps, ce qui n’invite pas aux longs trajets. A cela s’ajoute un prix d’achat toujours élevé des voitures électriques.
UNE BATTERIE DE SOLUTIONS
Environ un tiers de ces infrastructures sont gérées par la puissance publique, le reste par une pluralité d’opérateurs (Bolloré, Clem’ou Transdev, par exemple). On peut recharger sur la voie publique, mais aussi dans les concessions automobiles ainsi que sur les parkings de certains hôtels et de la grande distribution. En ce qui concerne la recharge rapide, Sodetrel, une filiale d’EDF (200 bornes sur les autoroutes, soit une tous les 80 km) et CNR (50 bornes le long du Rhône, du lac Léman à la Méditerranée) constituent les deux premiers réseaux. Tesla sort du peloton avec ses 62 stations ( près de 500 prises) offrant un très haut débit ( 125 kW). Ces puissantes installations permettent aux véhicules de la marque d’engranger plusieurs centaines de kilomètres d’autonomie en seulement 20 ou 30 min. L’entreprise californienne devrait être bientôt concurrencée par plusieurs projets européens d’envergure en cours de développement dans le très haut débit et l’ultra haut débit. Le consortium Ionity formé par BMW, Mercedes, Volkswagen (Audi et Porsche), auquel s’est joint l’américain Ford, espère ouvrir plus de la moitié des 400 sites prévus, équipés de bornes de 350 kW, dans 18 pays dès 2020. Le projet Mega- E devrait pour sa part ouvrir 27 stations de forte puissance dans 20 pays du Vieux Continent, tandis qu’Eon, de son côté, prévoit 180 sites dans le nord de l’Europe (dont 30 à 40 en France). Total mise également sur un réseau de 300 stations situées aussi en Europe du Nord (une tous les 150 kilomètres). Enfin, la recharge domestique, à l’image de celle d’un smartphone, qui nécessite une installation dédiée (prise murale spécifique, ou « wall box »), est encouragée en France par le programme de subventions Advenir, récemment reconduit jusqu’en 2020. Dans les copropriétés, un « droit à la prise » a été institué pour les parkings fermés. La décision d’installer une prise n’a pas à être approuvée en assemblée générale des copropriétaires, qui doivent simplement être avertis. Si tous ces réseaux fonctionnent et que les VE se multiplient sur les routes, il faudra alors produire beaucoup plus d’électricité. Comment ? A quel tarif ? C’est une autre histoire. ■