Le Figaro Magazine

EN VUE Geoffroy Roux de Bézieux

Mardi 3 juillet, le Medef élira son nouveau président. En tête du vote du conseil exécutif le 11 juin dernier, Geoffroy Roux de Bézieux rêve d’incarner un patronat plus en phase avec son époque.

- Ghislain de Montalembe­rt

Geoffroy Roux de Bézieux le sait parfaiteme­nt : en matière d’élection à la présidence du Medef, chaque voix compte. Et pour l’heure, si l’on se fie au vote du conseil exécutif de l’organisati­on patronale, c’est lui qui pourrait figurer en tête du scrutin qui conduira à l’élection, le 3 juillet, du patron des patrons. Certes, le match n’est pas encore plié, et son rival, Alexandre Saubot, qui bénéficie du soutien de la puissante Union des industries et métiers de la métallurgi­e (UIMM), n’a peut-être pas dit son dernier mot. Mais « GRB » est un ancien rugbyman : il n’est pas du genre à avoir des états d’âme en pleine mêlée ! En 2013, en courte tête après le vote du conseil exécutif, constitué des 45 personnes les plus influentes du Medef, il s’était effacé devant Pierre Gattaz. Cette fois-ci, il estime que son heure est venue. C’est donc par un silence assourdiss­ant qu’il a répondu à l’invitation de son adversaire de le rejoindre au nom du rassemblem­ent.

Pour ses supporters, Roux de Bézieux a le profil idéal. Jeune (56 ans), libéral, bon communican­t, sensible à des notions dans l’air du temps comme la responsabi­lité sociale de l’entreprise, l’égalité hommes-femmes ou l’actionnari­at salarié, il ambitionne d’incarner un patronat inscrit dans la modernité. Geoffroy Roux de Bézieux est certes très parisien. Mais ce n’est pas un représenta­nt de la technostru­cture du patronat, même s’il en connaît parfaiteme­nt les rouages (vice-président du Medef depuis 2013, il a aussi présidé le lobby libéral Croissance Plus de 2005 à 2008). Son côté entreprene­ur plaide pour lui. Il roule en scooter, pas en limousine avec chauffeur.

Roux de Bézieux revendique son appartenan­ce à la nouvelle économie. Il a le soutien de nombre de ses représenta­nts comme Marc Simoncini (Meetic), Frédéric Mazzella ( BlaBlaCar), ou encore Pierre KosciuskoM­orizet (cofondateu­r de PriceMinis­ter) avec lequel il est associé dans le fonds d’investisse­ment dans les start-up Isai (actionnair­e, notamment, de BlaBlaCar)… Autre atout : ce n’est pas un héritier. Même s’il a grandi dans les beaux quartiers (naissance dans le XVe arrondisse­ment, études secondaire­s à Sainte-Croix de Neuilly), il s’est fait tout seul, poursuivan­t un parcours sans faute depuis sa sortie de l’Essec.

Engagé éphémère dans les commandos marine, il rentre chez L’Oréal en 1986. La voie royale. Mais son heure de gloire viendra dix ans plus tard avec la création de The Phone House, devenu en six ans le premier réseau indépendan­t de vente de téléphones mobiles. Après avoir revendu l’entreprise en 2000 à Carphone Warehouse, il fonde l’opérateur de réseau mobile virtuel Omea Telecom, qui opère Virgin Mobile France. Un parcours de serial entreprene­ur qui lui assure la fortune et un profil de gendre idéal.

Geoffroy Roux de Bézieux aurait pu s’arrêter là, couler des jours paisibles entre Paris et Le Croisic (il s’y est acheté une jolie maison nichée sur la côte sauvage où il aime se ressourcer, avec sa femme Sabine et leurs quatre enfants). Mais en 2014, il a préféré rechausser sa casquette d’entreprene­ur en créant Notus, un groupe qu’il souhaite développer dans la gastronomi­e haut de gamme et l’outdoor via l’acquisitio­n de pépites. Dans son escarcelle : Oliviers & Co, une société connue dans le monde entier pour ses huiles d’olive, Le Fondant Baulois, Chrono Carpe, numéro 1 européen d’e-commerce de matériel de pêche à la carpe, ou encore Amsterdam Air, leader français de vente en ligne de vélos et de triporteur­s électrique­s. Même s’il n’est pas élu le 3 juillet à la tête du Medef, ce polyvalent de l’entreprene­uriat aura de quoi s’occuper !

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