LES INDISCRÉTIONS de Carl Meeus
Le président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale ne fait pas les choses à moitié. Pour Christian Jacob, l’introduction d’une dose de proportionnelle est une aberration qui va déstabiliser l’équilibre institutionnel de la Ve République. Hostile à cette mesure, qui n’est qu’un des éléments de la révision institutionnelle proposée par Emmanuel Macron, il rejette pourtant en bloc l’ensemble : « C’est un paquet global. On est contre la représentation proportionnelle, donc on dit non à tout. » Et tant pis si dans la révision constitutionnelle il y a des éléments qui pourraient convenir. « J’ai dit au groupe de ne pas être trop créatif » dans ses amendements, prévient le député de Seine- et- Marne qui ne craint pas, par ailleurs, un éventuel recours au référendum : « Ce sera impossible pour Macron d’expliquer qu’il demande un référendum alors qu’il a la majorité au Parlement pour faire voter deux des trois textes ! Tous les présidents de la République agitent le spectre du référendum mais au moment de passer à l’acte, la peur change de camp. »
Ce focus sur la représentation proportionnelle au détriment des autres dispositions, c’est justement le piège que la majorité veut éviter. « La révision constitutionnelle, ce n’est pas que la proportionnelle, assure un élu MoDem, qui estime que la posture des Républicains à l’Assemblée nationale va être compliquée. » Notamment parce que les sénateurs peuvent être beaucoup plus conciliants avec cette révision, eux dont une partie est déjà élue avec ce mode de scrutin…
Pierre Bédier aime les images ! Ce fan des Tontons flingueurs – il connaît les répliques par coeur – aurait pu contribuer aux dialogues de Michel Audiard. Pour expliquer pourquoi Les Républicains de Laurent Wauquiez ne peuvent pas rivaliser encore avec La République en marche d’Emmanuel Macron, il prend l’exemple des tempêtes tropicales : « Après un ouragan, les cocotiers ne font pas des noix dès l’année suivante. » L’ouragan électoral de 2017 qui a tout emporté sur son passage a laissé des traces que Les Républicains vont mettre du temps à effacer. Le patron du département des Yvelines, qui suit attentivement la politique nationale, ne croit pourtant pas que tout soit déjà joué pour la présidentielle de 2022 avec la réélection annoncée d’Emmanuel Macron ! « Et comme ça ne peut être ni Jean- Luc Mélenchon, ni Marine Le Pen, il faut reconstruire un parti de droite pour être prêt au cas où. » Pierre Bédier rendra à la rentrée à Laurent Wauquiez un rapport sur l’organisation générale du parti. Celui qui a coécrit les statuts de l’UMP en 2002 avec Renaud Dutreil veut moderniser LR, en tenant compte de l’émergence des nouvelles technologies et en s’inspirant notamment de ce qui se fait aux Etats-Unis.
Les négociations pour les élections municipales promettent d’être tendues. Comme l’explique un de ceux qui, chez les « marcheurs », seront actifs dans la partie, « il faudra que les signaux soient clairs ». Autrement dit que les maires sortants qui voudraient s’associer à La République en marche, affichent clairement leur soutien non seulement au projet municipal que le parti du Président commencera à préparer dès octobre 2018, mais aussi à la liste LREM pour les élections européennes de 2019. « Les maires devront prendre leurs distances avec les listes menées par les socialistes et LR aux européennes », estime cet élu qui ajoute : « Les maires devront soutenir Emmanuel Macron en 2022. » Sans forcément adhérer à LREM, ils devront déjà choisir leur candidat à la présidentielle !
Sur la révision constitutionnelle, on dit non à tout” Christian Jacob Après un ouragan, les cocotiers ne font pas des noix dès l’année suivante”
Pierre Bédier Les maires devront s’engager à soutenir Emmanuel Macron”
Un élu LREM