Le Figaro Magazine

LES RENDEZ-VOUS de J-R Van der Plaetsen

L’avocat pénaliste imagine une discussion avec le consul et philosophe romain. Il y est question des hommes, de leur désir d’éternité, et des vertus de l’amitié.

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Il y a un faux air de Michel Déon en lui. La ressemblan­ce entre les deux hommes ne s’arrête pas au physique : on retrouve chez l’un et l’autre l’admiration de la Rome et de la Grèce antiques, la passion de la littératur­e et de l’éloquence, une forme de dévotion envers le soleil et la Méditerran­ée. Sans oublier le culte de l’amitié, sentiment dans lequel l’un et l’autre voient une dispositio­n du coeur, certes, mais aussi une vertu personnell­e et même un principe d’organisati­on politique (rêvée). Comme avec Michel Déon, déjeuner avec Jacques Trémolet de Villers, c’est écouter parler les grands anciens, prendre des notes pour ne pas en perdre une bribe, et entendre chanter les cigales dans le maquis autour de Vivario, en Corse, ou dans les collines qui dégringole­nt vers Spetsai.

Grand avocat pénaliste, Jacques Trémolet de Villers s’est pris de passion pour quelques personnage­s légendaire­s, parmi lesquels Jeanne d’Arc, dont il a édité et commenté les minutes du procès, et Cicéron, en qui il voit un « préchrétie­n ». « Ce qui me touche chez lui, dit-il, c’est qu’il place l’amitié au coeur de sa pensée – d’où sa vision positive de la nature humaine. A ses yeux, lorsqu’elle est poussée à sa plénitude, l’amitié est un sentiment aussi précieux, voire davantage, que l’amour. »

Jacques Trémolet de Villers voit-il un lien entre cette conception altruiste de l’existence et son métier d’avocat ? « Mais comment, répond-il avec force, peut-on être avocat et ne pas être chrétien ? Etre avocat, pour moi, c’est vivre au rythme des Evangiles, au rythme de la misère de l’homme qui doit être pardonné ! » On retrouve de ces accents de colère et de sincérité dans son beau livre sur Cicéron, qui commence par une scène sur une terrasse de bar à Corte, et se termine par une méditation sur le temps et l’éternité. « Parce que c’était Cicéron, parce que c’était moi » , aurait pu écrire Trémolet, pour qui le mot de la fin doit toujours rester à l’amitié.

La phrase du livre à retenir (p. 112) “Rien ne peut être beau qui est dépourvu de justice”

 ??  ?? EN TERRASSE AVEC CICÉRON, de Jacques Trémolet de Villers, Les Belles Lettres, 162 p., 15,90 €.
EN TERRASSE AVEC CICÉRON, de Jacques Trémolet de Villers, Les Belles Lettres, 162 p., 15,90 €.
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LES RENDEZ-VOUS DE J-R VAN DER PLAETSEN

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