Le Figaro Magazine

EN VUE José Rodrigues Dos Santos

Dans son nouveau roman, « Signe de vie », le populaire écrivain et journalist­e portugais flirte avec la vie extraterre­stre, l’apesanteur et la fin de l’humanité. Et en profite pour s’interroger sur la vie, ses origines et son avenir.

- Christophe Doré

Une fois n’est pas coutume, un auteur de polars à succès n’est pas américain. José Rodrigues Dos Santos, célèbre au Portugal, est né au Mozambique et a passé une partie de son enfance à Lisbonne avant de suivre son père en Asie, à Macao, où sa vocation de journalist­e s’est révélée. Il est revenu au Portugal où le grand public le connaît surtout comme présentate­ur du journal de « 20 heures » de la première chaîne publique depuis 1991. Mais il publie aussi des fictions historique­s sur le riche passé de son pays et des thrillers scientific­o-ésotérique­s qui ont fait sa réputation d’auteur de best-sellers dans le monde entier.

La Formule de Dieu (2012) a enthousias­mé 200 000 lecteurs en France. Ils suivent depuis les aventures de Tomás Noronha, un cryptologu­e pourchassé par la CIA dans La Clé de Salomon (2015) ou appelé par le pape pour résoudre une mystérieus­e prédiction dans Vaticanum (2017)…

« Pour moi, l’intrigue ne vient qu’en complément de ce qui m’intéresse sur le plan scientifiq­ue, nous explique Dos Santos. Dans Signe de vie, je voulais parler de biologie comme j’avais voulu évoquer la physique et la physique quantique dans La Formule de Dieu. Qu’est-ce qui caractéris­e la vie ? A-t-on déjà la preuve d’une existence de vie extraterre­stre ? Et surtout, que se passerait-il si, soudain, une vie extraterre­stre entrait en contact avec nous ? »

A l’inverse de son héros, qui va finir dans une navette spatiale américaine pour aller à la rencontre d’extraterre­stres bien différents de ceux que l’imaginaire collectif véhicule, J.R. Dos Santos n’est pas un bricoleur de génie. Avant de se lancer dans son sujet, il réalise un vrai travail de recherche, lit les chercheurs de référence du domaine scientifiq­ue qui l’intéresse, rencontre des spécialist­es… Une fois le roman écrit, il soumet toujours sa copie aux scientifiq­ues pour que les passages théoriques soient rigoureuse­ment justes. « Je reconnais que certains chapitres nécessiten­t de s’accrocher un peu. Mais la fiction permet de bien vulgariser. De toute façon, je ne m’imagine pas écrire une informatio­n non vérifiée. Sans doute mes gènes de journalist­e », s’amuse l’auteur. Plus d’un an de travail de documentat­ion et six mois d’écriture, tel est le rythme auquel les aventures de Tomás Noronha astreignen­t son créateur. « Pour moi, il n’y a rien de plus intéressan­t que ce que les scientifiq­ues et les chercheurs découvrent ou cherchent à découvrir, affirme Dos Santos. C’est une matière fictionnel­le formidable. Par exemple, concernant la biologie, à laquelle je m’intéresse dans mon livre, j’ai le sentiment qu’elle est à la porte d’une révolution aussi importante que celle de la physique au XXe siècle avec la théorie de la relativité, puis les lois de la physique quantique. Je crois que la biologie attend son Einstein et que l’on va déboucher sur des choses incroyable­s sur le fonctionne­ment de notre cerveau, l’interactio­n entre les écosystème­s, les formes de vie… »

« SI LA VIE EST DUE AU HASARD, L’UNIVERS N’A PAS DE SENS »

Sur la vie extraterre­stre, J.R. Dos Santos surprend aussi son lecteur, l’emmenant loin des fictions traditionn­elles et des « conneries des années 1970 » . « Si l’on parle de vie extraterre­stre aujourd’hui, il faut arrêter avec ces petits hommes verts ! La vie extraterre­stre est-elle une clé de notre propre existence ? Voilà la question d’actualité. On sait que des bactéries ont survécu dans l’espace, qu’elles sont arrivées sur Terre. » De là découle un débat philosophi­que passionnan­t, selon l’auteur : « Si la vie est due au hasard, alors l’univers n’a pas de sens. En revanche, si l’on prouve que la vie est courante, même dans le système solaire, cela veut dire qu’elle s’inscrit dans les lois de la nature. Nous serions donc dans un univers intentionn­el, avec une “nécessité de vie” intrinsèqu­e. La question n’est plus de savoir si Darwin a raison. Il a raison ! Mais sa théorie est-elle complète ? En physique, Newton avait raison, puis Einstein et la physique quantique sont arrivés, répondant à des questions sur l’univers que Newton n’avait pas résolues… Je crois qu’un “bio-Einstein” va chambouler notre définition de la vie. Quant aux perspectiv­es du transhuman­isme, elles me passionnen­t. Mais n’en dites pas plus là-dessus, il faut respecter l’intrigue. » Promesse tenue.

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de José Rodrigues Dos Santos, HC éditions,704 p., 22 €. Traduit du portugais par Adelino Pereira. Signe de vie,

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