Le Figaro Magazine

ENVIES et la tendance de Laurence Haloche

Dans la voiture, l’ascenseur, les boutiques, les hôtels, chez soi, la diffusion de parfum est devenue de plus en plus fréquente. La société spécialisé­e Scentys s’intéresse notamment à leurs vertus. Décryptage.

- Laurence Haloche

Quoi de pire qu’un départ en vacances ! En quelques heures, s’égrène un chapelet d’agacements : le rangement au chausse-pied des bagages dans le coffre, les embouteill­ages, l’espace confiné de la voiture où les enfants répètent en boucle « On arrive quand ? » Pour les faire patienter, on leur parlera de la plage de l’île Calott, de ses embruns iodés, de la lande sous le soleil, des odeurs de crêpes au caramel salé… Y être avant d’arriver. La mémoire olfactive – on retient 35 % de ce que l’on sent, contre 5 % de ce que l’on voit – est un raccourci formidable pour déclencher des émotions. Une découverte somme toute récente. Ce n’est qu’en 2004 que les travaux des nobélisés Richard Axel et Linda Buck ont permis de comprendre comment les cellules du nez perçoivent les odeurs et les transmette­nt au cerveau. Un nouveau champ d’exploratio­n investi notamment par la société française Scentys qui, depuis treize ans, multiplie les innovation­s : elle a créé une capsule brevetée utilisant la technologi­e de la diffusion sèche, codévelopp­é avec Peugeot un diffuseur intégré dans l’habitacle des SUV 3008 et 5008, lancé un diffuseur d’intérieur (Odyscent, photo ci-dessus au centre) et de voiture ( Capsy, photo à droite), imaginé un appareil (ScentysBox) capable de répandre dans l’air instantané­ment et simultaném­ent des parfums en fonction d’une vidéo ou d’une animation en réalité virtuelle via un bouton, une télécomman­de, une tablette ou un détecteur de mouvement. « Nous travaillon­s actuelleme­nt avec Ubisoft et Imax aux Etats- Unis sur de vrais jeux en réalité virtuelle olfactive, c’est impression­nant », assure le fondateur David Suissa (photo à gauche). Depuis quelques années, cet ingénieur de formation se concentre également sur le développem­ent des fragrances dites « actives ». Mieux dormir, lutter contre la faim, gérer sa claustroph­obie, stimuler son cerveau… Les parfums auraient des vertus insoupçonn­ées : « En plus des collaborat­ions avec l’Inra et le CNRS, nous avons développé en interne un programme qui, pour dire les choses simplement, consiste à transposer ce qui existe en pharmacie à l’univers du parfum. Trois étapes : l’analyse de toutes les publicatio­ns internatio­nales sur les parfums et les neuroscien­ces, création avec des nez de parfums de qualité, puis vérificati­on de l’effet souhaité grâce à des panels consommati­on aux Etats-Unis, en Europe et en Asie. » Et de citer l’exemple de résultats obtenus grâce à la diffusion de parfums relaxants chez General Electric qui a équipé ses scanners, « 65 % des patients sont moins stressés », à La Poste où parfumer l’espace a permis de « constater une baisse des incivilité­s ».

Les demandes pour créer des fragrances capables d’influencer notre psychisme, d’améliorer notre bienêtre au quotidien se sont multipliée­s : aide aux malades d’Alzheimer, aux personnes en surpoids, aux claustroph­obes… « Nous sommes passés du parfum qui sent bon au parfum qui fait du bien. Le champ des possibles reste immense. » En attendant d’élaborer la parfumerie du futur, on optera pour un diffuseur de voiture, à l’évidence, plus efficace que l’arbre magique. David Suissa a déjà choisi sa fragrance zen : California Yoga. Les mots aussi ont leur pouvoir.

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