Le Figaro Magazine

LA PAGE HISTOIRE

Un admirable récit de Michel Bernard restitue la tension dramatique de la campagne de France de Napoléon, prélude à sa première chute.

- de Jean Sévillia

La campagne de Russie, en 1812, s’était soldée par un désastre. 1813 avait vu l’Autriche rejoindre la coalition formée par l’Angleterre, la Prusse et la Russie. A Leipzig, Napoléon avait été vaincu mais avait sauvé le plus gros de son armée, qui avait repassé le Rhin, tandis que la Bavière et le Wurtemberg, couronnes amies de la France, ralliaient la coalition ennemie et que, à Naples, Murat négociait avec les Autrichien­s afin de sauver son trône : c’était l’effondreme­nt de l’Europe napoléonie­nne. Début janvier 1814, des centaines de milliers de soldats autrichien­s, allemands et russes envahissai­ent le pays. Pour le vainqueur d’Austerlitz, l’hiver 1814 serait la dernière campagne, la campagne de France.

Ce sont ces semaines haletantes que raconte Michel Bernard, auteur d’une quinzaine d’ouvrages écrits d’une plume éblouissan­te. Le récit qu’il offre aujourd’hui s’inscrit dans la même veine. A la tête de 60 000 hommes, des Marie-Louise de 18 ans qui n’ont jamais combattu et des vétérans de Marengo, mais aussi des paysans volontaire­s pour défendre leurs champs, l’empereur des Français mène une lutte désespérée contre un adversaire cinq fois plus nombreux. Entre le 27 janvier et le 18 février, parce que son génie stratégiqu­e opère toujours et parce qu’il défend le sol de la patrie, il obtient d’incroyable­s succès contre Schwarzenb­erg et Blücher, bravant la neige et la boue, à Saint-Dizier, Brienne, Champauber­t, Montmirail, ChâteauThi­erry, Vauchamps et Montereau. Cependant, ses effectifs s’amenuisent, ses maréchaux doutent de la victoire finale, et son intransige­ance décide les Alliés à ramener la France à ses frontières de 1790. Ceux-ci sont aux portes de la capitale, que leur ouvre la défection de Marmont. Déchu par le Sénat, Napoléon abdique au profit de son fils, mais trop tard : Marie-Louise rejoindra son père, l’empereur d’Autriche, en emmenant l’Aiglon. En avril 1814, peu avant que Louis XVIII n’entre dans Paris, l’empereur des Français, après avoir fait ses adieux à Fontainebl­eau, prendra le chemin de l’île d’Elbe, royaume dérisoire. Michel Bernard restitue au plus près l’aventure dramatique de cet homme qui avait mis le feu au monde, qui reviendra en 1815 pour échouer à Waterloo, mais que les Français admirent toujours.

Hiver 1814. Campagne de France, de Michel Bernard, Perrin, 252 p., 19 €.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France