L’ÉDITORIAL
C’est une inquiétude légitime. Celle que provoquent les images inondant depuis des mois les écrans grossissants des chaînes d’information. On y voit des forces de l’ordre harcelées pendant des heures, des centres-villes dévastés, des universités bloquées, des grévistes menaçant leurs collègues de travail ou encore l’effigie du président de la République promenée au bout d’une pique. Au regard de ces manifestations quotidiennes de violence, certains s’inquiètent d’un niveau de tension qui serait inédit dans le pays, quand d’autres l’imaginent carrément au bord du soulèvement.
La bonne nouvelle est qu’ils se trompent. Tous ces épisodes, soigneusement mis en scène pour être filmés et diffusés, reflètent moins l’état réel de la France qu’une tentative presque désespérée de la gauche extrême pour ne pas disparaître dans les oubliettes de l’histoire. Il faudrait être aveugle pour se croire à la veille d’un nouveau Mai 68 : les Français contestent largement la politique menée par le pouvoir mais n’entendent pas faire la révolution pour autant.
Les troubles que connaît le pays sont organisés par des groupuscules militants qui utilisent à merveille l’effet de loupe des réseaux sociaux et des chaînes d’information. À force d’être diffusés en boucle, les événements anecdotiques qu’ils organisent réussissent à saturer l’espace public. Et ces activistes peuvent aussi compter sur l’indulgence de certains médias, syndicalistes et responsables politiques de gauche qui, au premier feu de poubelle, se croient revenus au Temps des cerises. En réalité, si quelque chose doit inquiéter dans ces accès de violences sporadiques, c’est d’abord la mansuétude dont ils font trop souvent l’objet. Prenons l’exemple des universités dont le fonctionnement est perturbé pour la deuxième année consécutive par une minorité d’agitateurs, d’autant plus enclins à désorganiser les examens qu’ils seraient bien incapables de les réussir. La couardise des dirigeants des établissements touchés par ces désordres est confondante, alors même que l’immense majorité des étudiants ne demande qu’à travailler.
Emmanuel Macron et ses ministres semblent, eux, hésiter sur la conduite à tenir face aux fauteurs de troubles. Ces derniers jours, quand Jean-Michel Blanquer se montre ferme face aux professeurs qui veulent saboter les nouvelles épreuves du bac, le chef de l’État préfère poser avec un tee-shirt dénonçant les prétendues « violences policières ». Mais la faute originelle du gouvernement remonte à bien plus loin : en cédant voilà deux ans aux zadistes de Notre-Dame-des-Landes qui exigeaient l’abandon du projet d’un deuxième aéroport à Nantes, il a donné des ailes à tous les antifas et autres black blocs qui y ont vu un encouragement à la violence. On voit combien il lui est difficile désormais de maintenir l’ordre. Dans une démocratie, celui-ci est pourtant un fondement de la liberté.