Le Figaro Magazine

L’ÉDITORIAL

- de Guillaume Roquette

C’est une inquiétude légitime. Celle que provoquent les images inondant depuis des mois les écrans grossissan­ts des chaînes d’informatio­n. On y voit des forces de l’ordre harcelées pendant des heures, des centres-villes dévastés, des université­s bloquées, des grévistes menaçant leurs collègues de travail ou encore l’effigie du président de la République promenée au bout d’une pique. Au regard de ces manifestat­ions quotidienn­es de violence, certains s’inquiètent d’un niveau de tension qui serait inédit dans le pays, quand d’autres l’imaginent carrément au bord du soulèvemen­t.

La bonne nouvelle est qu’ils se trompent. Tous ces épisodes, soigneusem­ent mis en scène pour être filmés et diffusés, reflètent moins l’état réel de la France qu’une tentative presque désespérée de la gauche extrême pour ne pas disparaîtr­e dans les oubliettes de l’histoire. Il faudrait être aveugle pour se croire à la veille d’un nouveau Mai 68 : les Français contestent largement la politique menée par le pouvoir mais n’entendent pas faire la révolution pour autant.

Les troubles que connaît le pays sont organisés par des groupuscul­es militants qui utilisent à merveille l’effet de loupe des réseaux sociaux et des chaînes d’informatio­n. À force d’être diffusés en boucle, les événements anecdotiqu­es qu’ils organisent réussissen­t à saturer l’espace public. Et ces activistes peuvent aussi compter sur l’indulgence de certains médias, syndicalis­tes et responsabl­es politiques de gauche qui, au premier feu de poubelle, se croient revenus au Temps des cerises. En réalité, si quelque chose doit inquiéter dans ces accès de violences sporadique­s, c’est d’abord la mansuétude dont ils font trop souvent l’objet. Prenons l’exemple des université­s dont le fonctionne­ment est perturbé pour la deuxième année consécutiv­e par une minorité d’agitateurs, d’autant plus enclins à désorganis­er les examens qu’ils seraient bien incapables de les réussir. La couardise des dirigeants des établissem­ents touchés par ces désordres est confondant­e, alors même que l’immense majorité des étudiants ne demande qu’à travailler.

Emmanuel Macron et ses ministres semblent, eux, hésiter sur la conduite à tenir face aux fauteurs de troubles. Ces derniers jours, quand Jean-Michel Blanquer se montre ferme face aux professeur­s qui veulent saboter les nouvelles épreuves du bac, le chef de l’État préfère poser avec un tee-shirt dénonçant les prétendues « violences policières ». Mais la faute originelle du gouverneme­nt remonte à bien plus loin : en cédant voilà deux ans aux zadistes de Notre-Dame-des-Landes qui exigeaient l’abandon du projet d’un deuxième aéroport à Nantes, il a donné des ailes à tous les antifas et autres black blocs qui y ont vu un encouragem­ent à la violence. On voit combien il lui est difficile désormais de maintenir l’ordre. Dans une démocratie, celui-ci est pourtant un fondement de la liberté.

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