Le Figaro Magazine

À L’AFFICHE

Un coffret très luxueux et très fourni vient rappeler la grandeur de ce groupe à part dans la scène britpop des années 1990.

- et les passe-temps d’Éric Neuhoff

Le 25e anniversai­re du premier album de Supergrass, I Should Coco, est fêté en fanfare : un coffret gargantues­que * salue la carrière de cette formation venue d’Oxford. Le groupe est apparu en pleine vague britpop, alors que les jeunes musiciens anglais, dans leur immense majorité, se replongeai­ent dans leurs racines musicales et redécouvra­ient en vrac Beatles, Kinks ou Small Faces. Entre Blur, Oasis et Pulp, Supergrass se distinguai­t par une vitalité et une jovialité remarquabl­es. Inaugurant sa carrière avec un tube parfait résumant son optimisme (Alright, 1995), le groupe s’est progressiv­ement détaché de cette pop nerveuse pour se lancer dans des compositio­ns plus complexes et variées (Moving, Late in the Day) et a continué de sortir des albums qui comptent parmi ce que l’Angleterre a produit de mieux à la fin du XXe siècle.

Pour ce coffret luxueux, leurs six albums sont réunis en vinyles « picture disc » ainsi qu’en CD, le tout enrichi de cinq heures de musique inédite, souvent en live (le groupe a toujours été excellent sur scène), d’un livret conçu comme un beau livre, de badges, posters, etc. En réécoutant tout cela, notamment ces tubes extraordin­aires que sont Lenny, Sun Hits the Sky, Pumping on Your Stereo ou Grace, il apparaît évident que ces jeunes gens étaient bien aussi doués que leurs concurrent­s Blur ou Oasis, et que leur sens de la compositio­n manque cruellemen­t : si Supergrass annonce une tournée après s’être sabordé il y a des lustres, aucun nouvel album n’est prévu. Peut-être est-ce mieux ainsi.

* The Strange Ones 1994-2008 (BMG/Sony).

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