CIRQUE : LA FORCE DE LA JEUNESSE
Voilà un plaisir qui se renouvelle ! Après sa présentation de fin d’études à Châlons-enChampagne, le Centre national des arts du cirque investit chaque hiver l’Espace chapiteaux du parc de la Villette. Sur scène, des circassiens en herbe dont on sent la passion désintéressée et le désir d’exploits. Cette 31e promotion n’a pas failli à la règle. Avec le titre suggestif On n’est pas là pour sucer des glaces *, ils nous plongent pendant une heure quarante dans un bain d’inattendu et de truculence à la Ionesco. Le tout dans un fouillis certain mais fort sympathique. Seules faiblesses de ce spectacle : le prologue, qui se prolonge un peu trop, et surtout la fin qui n’est pas… définitive, et ne déclenche pas immédiatement les applaudissements mérités. Entre les deux, les numéros s’enchaînent très naturellement. On passe avec une grande fluidité d’un registre à l’autre, et souvent de manière délicieusement cocasse ! Et puis on garde en mémoire une foule de petits riens, comme cet arrosoir qui danse au son du violon ou ces ensembles où tous virevoltent dans les airs depuis une bascule jusqu’au mât chinois. On se laisse aussi prendre au charme d’un jongleur et on vit un moment exquis avec Carlo Cerato. Cet Italien a dû passer quelques heures dans la rue à peaufiner ses jongleries avant d’intégrer l’école de Châlons si on en juge par sa connivence avec le public, dont il devine la moindre réaction. Il sait attendre les rires, les encourager comme si de rien n’était. Et tellement à l’aise avec ses instruments qu’il transforme ! Ses arceaux deviennent des ailes de libellule, ses massues des battes de base-ball. Et, cerise sur le panettone, Carlo nous offre son bel accent en musique de ses commentaires pour un spectacle qui a de l’étoffe et qui surprendra les spectateurs les plus blasés.
* Paris 19e, jusqu’au 16 février (01.40.03.75.75).