SEUL AU MONDE
AU NOM DU JAPON, de Hiro Onoda, La Manufacture de livres, 317 p., 20,90 €. Traduit du japonais par Sébastien Raizer.
L’histoire est tellement incroyable qu’il est difficile d’accepter qu’elle ne soit pas une fiction : en 1944, un officier japonais est envoyé avec quelques hommes sur l’île de Lubang, aux Philippines, pour y mener une
« guerre de guérilla ». L’ennemi américain débarque, les Japonais sont décimés, Hiro Onoda se retrouve avec trois hommes. L’un désertera, les deux autres seront tués par les locaux car Onoda n’hésite pas à tirer sur les Philippins qui, selon lui, ont pactisé avec l’ennemi yankee. Ce qu’il ignore, c’est que la guerre est finie. Il passera trente ans dans la jungle de Lubang, à se déplacer régulièrement pour ne pas être repéré, à dormir au milieu des scorpions et des scolopendres, se construisant des huttes pour survivre à la mousson, se fabriquant des vêtements de fortune, voyant ses compagnons disparaître pour finalement se retrouver seul. Le Japon envoie des avions qui lui lancent des tracts et des magazines lui signalant que la guerre est finie : il doit rentrer au pays. L’officier est persuadé que ces documents sont des faux produits par les
Américains.
Son propre frère débarque sur l’île, lui parle dans un haut-parleur. Onoda est certain qu’il s’agit d’un sosie envoyé par des espions japonais retournés. Finalement, un étudiant le trouvera et lui expliquera la réalité. Mais Onoda attend l’ordre d’un haut gradé militaire. Il finira par l’avoir avant de rentrer dans un Japon qu’il ne reconnaît pas en 1974. Que ce récit hallucinant n’ait pas été adapté au cinéma reste une énigme : on n’a jamais rien lu de tel.