LES RENDEZ-VOUS
L’académicien consacre un nouvel ouvrage à son pays de coeur. En guide aussi passionné qu’avisé, il nous fait découvrir quelque soixante chefs-d’oeuvre oubliés ou inconnus.
Entre l’Italie et la littérature française, la liaison est avouée, ancienne et solide. Depuis Montaigne et Rabelais, en passant par Stendhal et Chateaubriand, et jusqu’à Paul Morand, Michel Déon, Jean d’Ormesson ou Frédéric Vitoux, la patrie de Dante n’a cessé d’enchanter nos poètes. Mais faut-il s’en étonner ? Une promenade dans les rues de Rome, Florence, Naples ou Venise vaut toutes les balades autour de Saint-Germain-des-Prés et des Champs-Élysées réunis. Plus que la Grèce, c’est l’Italie qui a inventé la beauté. Et elle ne l’a pas oublié, à la différence de la France, qui massacre ses paysages avec une sorte d’allégresse méthodique. Dominique Fernandez est l’un de ces fous d’Italie. Il y a vécu longtemps, avec une prédilection pour la Sicile et le sud de la Botte, le nord étant déjà mondialisé, y a enseigné le français, a connu Moravia, Calvino, Sciascia, Pasolini, et rédigé une thèse sur Pavese. Il a consacré à ce pays béni des dieux la majeure partie de son oeuvre romanesque, couronnée par les prix Goncourt et Médicis. « Entre l’Italie et moi, dit-il, ce fut un coup de foudre qui s’est métamorphosé avec le temps en une longue histoire d’amour. »
On prend toute la mesure de cet amour dans son dernier livre. Fernandez y traque la beauté en peinture, sculpture et architecture. Pour autant, son ouvrage n’a rien à voir avec ce qu’il est convenu de nommer un beau livre. C’est que l’auteur, qui connaît l’Italie dans son intimité, a entrepris d’en dévoiler les trésors cachés ou enfouis. Reproduites en photo, les oeuvres qu’il décrit sont, la plupart du temps, ignorées de tous. Il faut emprunter un chemin sinueux ou escarpé, pousser une porte oubliée, entrer dans les dédales et les secrets d’un palais, d’un cloître ou d’une sacristie pour, soudain, tomber nez à nez avec un chef-d’oeuvre inconnu. L’Italie buissonnière est un rendez-vous avec la beauté.
“On sait qu’on pardonne tout aux fous, puisqu’ils sont fous et donc libres
de dire la vérité”
L’ITALIE BUISSONNIÈRE, de Dominique Fernandez,
Grasset, 460 p., 23 €.