Le Figaro Magazine

LA CHRONIQUE

Le gouverneme­nt entend faire main basse sur la caisse de retraite des avocats pour financer le futur régime universel.

- de François d’Orcival

Aforce de se répéter, les avocats vont-ils se faire entendre ?

Ils manifesten­t depuis des semaines en espérant que la chanceller­ie finisse par comprendre. Pour combien de temps encore ? À Paris, ils viennent de passer d’un bâtonnier (et de son vice-bâtonnier) à un autre, mais sans faire bouger les lignes. Le bâtonnier qui a pris ses fonctions le mois dernier, Me Olivier Cousi, avec son vice-bâtonnier, Me Nathalie Roret (élus l’un et l’autre en décembre 2018), répète que l’instabilit­é et l’insécurité que le gouverneme­nt fait régner dans la profession sont proprement insupporta­bles – le même langage que celui tenu par leurs prédécesse­urs, Me Marie-Aimée Peyron et Me Basile Ader.

Le barreau de Paris compte 30 845 avocats sur les

69 900 membres de la profession sur le territoire. La densité, établie par la Caisse nationale des barreaux français, fait apparaître, pour nos

164 barreaux, un chiffre moyen de 100 avocats pour 100 000 habitants, entre Paris où se situent

1 279 avocats (pour 100 000 habitants) et la Meuse où ils ne sont plus que 11 (pour le même nombre d’habitants). À cela, la profession ajoute volontiers qu’elle compte 5 actifs pour 1 unique retraité… Ce chiffre a déclenché la tempête qui embrase le milieu comme c’est le cas pour d’autres. Mais avec cette précision qui lui est propre : les avocats financent eux-mêmes leurs retraites, sans faire appel à qui que ce soit d’autre !

« Nous sommes nos propres employeurs », rappelle Me Basile Ader, l’ancien vice-bâtonnier.

De plus, depuis dix-sept ans, ils contribuen­t pour 120 millions d’euros aux retraites du régime général. Et comme ils profitent d’une caisse autonome qui gère 3,7 milliards d’euros, celle-ci peut assurer leurs retraites pour vingt ans ! C’est naturellem­ent cette réserve dont l’État compte s’emparer, en mettant fin à son indépendan­ce, pour financer sa propre réforme. Et c’est ainsi que le régime de la profession reviendrai­t à ce qu’il est pour tous, 1,7 cotisant (au lieu de 5) pour 1 retraité, en payant des cotisation­s plus élevées…

« Le projet gouverneme­ntal,

dit le bâtonnier, Me Cousi,

consiste à augmenter nos cotisation­s de retraite de plus de 40 % et à baisser les pensions des retraités de plus de 14 % pour les revenus les plus bas. »

Or 17 % des avocats gagnent moins que le smic… Tandis que les femmes, en raison de leur statut de mère, font plus de temps partiel que les hommes !

« Les pouvoirs publics nous déconsidèr­ent », dit Me Ader. Or, une démocratie forte suppose un barreau fort.

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