Le Figaro Magazine

LA CHRONIQUE

- ÉRIC ZEMMOUR Éric Zemmour

d’Eric Zemmour

Les images étaient belles et le Président était tout sourire. L’écologie est sa nouvelle priorité. On croirait voir Sarkozy, Chirac ou Hollande. L’écologie est le dada de nos présidents. Un dada qu’ils enfourchen­t dès qu’ils baissent dans les sondages ou que les Verts obtiennent de bons résultats aux élections intermédia­ires. En cela, Macron n’est pas différent de ses prédécesse­urs. Comme eux, il fait de beaux discours, affiche des intentions vertueuses et présente la France en exemple. Mais, comme eux, il est coincé par des considérat­ions économique­s qui l’emportent toujours. Quand il les oublie, le peuple le rappelle violemment à l’ordre, comme on l’a vu avec les « gilets jaunes » et, quelques années plus tôt, avec les « bonnets rouges » bretons. Macron le reconnaît luimême, il ne peut imposer la suppressio­n des glyphosate­s à des agriculteu­rs qui ont tant de mal à joindre les deux bouts. Il ne peut non plus sacrifier notre industrie nucléaire qui – paradoxe – est la moins émettrice de CO2. Enfin, il ne le dit pas, mais son discours écologique va à l’encontre de l’idéologie libérale de l’Europe qui multiple les accords de libre-échange avec de nombreux pays – ce qui multiplier­a le recours aux tankers et avions qui vont avec, loin du « localisme » vertueux. Alors, le président Jupiter évolue dans un registre qu’on ne lui connaissai­t pas : il temporise, refuse de trancher, procrastin­e.

Même comporteme­nt avec le grand discours sur la laïcité qu’il annonce depuis deux ans. C’est l’arlésienne du quinquenna­t. On risque de ne jamais l’entendre. Et pour cause. Il ne sait pas quoi dire. Un jour, il va dénoncer le séparatism­e islamique. Le lendemain, il va vanter la religion musulmane qu’on dévoie. Un jour, son ministre de l’Intérieur fait de tout barbu musulman un terroriste en puissance. Un autre jour, sa ministre de la Justice semble rétablir le délit de blasphème. Ces contradict­ions sont le reflet d’une ligne présidenti­elle qui n’est pas fixée. En arrivant à l’Élysée, Macron était sur une ligne clairement multicultu­raliste, à l’anglo-saxonne. Et puis, en s’approprian­t la question, en consultant les spécialist­es, en observant le déchaîneme­nt de violence en France, en écoutant les récits de l’islamisati­on en marche par les maires des villes de banlieue, il a fait le chemin inverse. En vérité, sur ce plan comme sur celui de l’écologie, il ne sait que penser. Emmanuel Macron est le produit d’une formation et d’une époque qui ont privilégié l’économie. Il ne voit et ne raisonne que par l’économie. Il savait très bien où il allait au début de son mandat, quand il mettait en oeuvre ses réformes économique­s – qui se contentaie­nt d’ailleurs d’imiter celles de Schröder dans l’Allemagne du début des années 2000.

Pour lui, l’économie est première, l’économie est seule. Mais il a compris que le monde était en train de vaciller sur ses bases et que les questions écologique­s et identitair­es prenaient la première place. Il est perdu devant ce bouleverse­ment car l’homme du nouveau monde est en réalité un homme de l’ancien monde.

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