MUNICIPALES : LA DROITE RELÈVE LA TÊTE
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L’espoir revient à droite. Cette impression que l’électorat se remobilise à un mois du scrutin municipal est antérieure au retrait par Benjamin Griveaux de sa candidature à la Mairie de Paris et à son remplacement par Agnès Buzyn. Depuis quelques semaines, les dirigeants des Républicains ont senti un frémissement. Une situation confirmée par les sondages favorables. À Bordeaux par exemple, Nicolas Florian, successeur d’Alain Juppé à la Mairie, n’est plus sous la menace de son concurrent LREM Thomas Cazenave, décroché. Il a réussi à contenir une partie de l’électorat de droite. Chez les Républicains, on se prend même à rêver de conquête. « On peut gagner Metz et Orléans », estime un membre de la direction. Inespéré voici quelques mois, quand, après le scrutin européen, une grande partie des électeurs de droite votaient pour la liste soutenue par Emmanuel Macron. Quasiment un an plus tard, c’est LREM qui est dans la tourmente, au point qu’un accord est envisagé à Lyon entre les deux tours entre Gérard Collomb et LR, et la droite qui recommence à espérer, même si la situation est tendue à Marseille. Mais il faudrait davantage écrire les droites tant les situations sont différentes.
La première droite est menée par les Républicains et incarnée par Rachida Dati dans la capitale. Sa stratégie est celle de la clarté : elle part seule sous ses couleurs et refuse par avance tout accord d’appareil avec LREM.
Le président des LR, Christian Jacob, veut faire des municipales la première étape de la renaissance de cette droite romprait le bipolarisme RN-LREM. Il est soutenu dans cette stratégie par François Baroin, qui devrait se faire réélire sans problème dans sa ville de Troyes, ce qui lui donnera ensuite les mains libres pour démarrer sa campagne de mobilisation en vue de sa possible candidature à la présidentielle de 2022. La deuxième droite est incarnée par les maires regroupés sous la bannière de La France audacieuse, le mouvement lancé par Christian Estrosi (Nice) avec Jean-Luc Moudenc, à Toulouse ; Arnaud Péricard, à SaintGermain-en-Laye ; Christophe Béchu, à Angers ; Arnaud Robinet, à Reims (même s’il a un candidat LREM contre lui). Soutenus par LR et LREM, ces élus s’entendent bien avec Édouard Philippe et Emmanuel Macron. LREM aimerait bien, en échange de cet appui municipal, les voir rejoindre le chef de l’État pour 2022. Tous ne sont pas prêts à franchir le Rubicon.
À l’opposé, la troisième droite milite pour une alliance des droites jusqu’au Rassemblement national, en tout cas ses électeurs. Robert Ménard, le maire de Béziers, est favorable au dépassement des partis politiques par la base. Il sait que les organisations défendent leur pré carré et fait le pari que les électeurs imposeront d’euxmêmes cette alliance. Son résultat électoral dans la ville qu’il avait conquise à la faveur d’une triangulaire en 2014 sera un signe important, surtout s’il n’est pas isolé. Reste qu’au soir du second tour du scrutin municipal, si la tendance se confirme, les droites peuvent sortir victorieuses, sans pour autant pouvoir se retrouver autour d’une stratégie commune afin de constituer une menace sérieuse pour Emmanuel Macron en 2022. ■