SAMUEL VANDAELE
La jeune voix du nouveau monde agricole
Élu à la présidence du syndicat des Jeunes Agriculteurs en avril 2019, cet exploitant âgé de 34 ans veut « renouveler les générations d’agriculteurs pour assurer la sécurité alimentaire française et européenne », au moment même
où s’ouvre ce week-end à Paris le Salon de l’agriculture.
C’est un homme qui n’hésite pas à « dire les choses en face ». « Grande gueule » assumée, cet agriculteur bien dans son époque passe autant de temps sur les réseaux sociaux que dans la ferme familiale de Pécy (Seine-et-Marne) où, installé depuis 2016, il cultive, sur 145 hectares, du blé, de l’orge, du maïs mais aussi des betteraves. Marqué par la forte personnalité de son grand-père et l’expérience syndicale de ses parents « qui lui ont donné l’envie de vivre du travail de la terre », Samuel Vandaele a d’abord passé un BTS d’analyse et conduite des systèmes d’exploitation avant de travailler chez les autres « pour découvrir la vraie vie et les vraies difficultés du métier ». Repéré dans les nombreuses manifestions auxquelles il participe pour défendre la cause paysanne en Seine-et-Marne, il monte une à une les marches du syndicalisme agricole local, régional puis national. Un parcours sans faille qui finit par lui ouvrir les portes du syndicat des Jeunes Agriculteurs (JA) dont il prend la présidence en avril 2019. « J’aime le collectif, explique-t-il. Agriculteur n’est pas un mot du passé, c’est un métier d’avenir sur lequel il faut miser à tous les échelons. Avec nos quelque 50 000 adhérents, nous formons une famille représentative de toutes les filières de l’agriculture d’aujourd’hui : bio, élevage, grandes cultures, céréaliers, vignerons, maraîchers, etc. Par rapport aux autres syndicats agricoles, comme la FNSEA (majoritaire) par exemple, nous jouons davantage un rôle d’accompagnement, de formation à la vente des productions et d’aide à l’accès à la terre. C’est sans doute le principal enjeu de demain car d’ici à une dizaine d’années, 45 % des chefs d’exploitation vont partir en retraite. » De fait, aujourd’hui en France, 8,5 % des agriculteurs seulement sont âgés de moins de 35 ans, selon la Commission européenne.
En 2017, d’après la Mutualité sociale agricole (MSA), 21 472 chefs d’exploitation (+ 10,2 %) se sont installés. 30 162 sont partis (+ 19,3 % par rapport à 2016). Soit moins de trois installations pour quatre départs et un vieillissement de la population des 885 400 agriculteurs français (chefs d’exploitation, conjoints, salariés permanents, etc., répartis sur 440 000 exploitations agricoles en France métropolitaine). « Les installations de jeunes sont freinées par une multitude de facteurs, allant du revenu insuffisant de la vente des produits agricoles au difficultés d’acquisition du foncier, en passant par les possibilités de financement, précise Samuel Vandaele.
Dans cet esprit, nous militons aussi pour une amélioration du système de transmission des exploitations et le vote d’une loi foncière pour favoriser l’accès des jeunes à la terre. Il en va de la sécurité alimentaire en Europe et de la vie des territoires ruraux. »
Son autre combat ? Faire prendre conscience aux jeunes qu’il est possible de vivre du métier d’agriculteur en se diversifiant et en adaptant sa production à la demande.
« Le circuit court et la vogue du “manger local” sont des atouts formidables, lance-t-il. Nous vivons un moment charnière avec des techniques plus respectueuses de la vie des sols qui nous permettent d’envisager de vraies productions de qualité. À cet égard, il est plus que temps de dénoncer l’agri-bashing systématique et les violences commises par certains extrémistes de la cause animaliste ou par des végans radicaux qui se trompent de cible en s’attaquant à l’agriculture française. Car, en réalité, ils ne sont que les idiots utiles de certains grands lobbys qui, sous couvert d’une fausse éthique morale, veulent imposer mondialement une nourriture industrielle de synthèse et détruire purement et simplement l’agriculture traditionnelle. »