Le Figaro Magazine

“JE CROIS AUX LOGIQUES POPULAIRES PLUTÔT QU’À CELLES D’APPAREIL”

- Propos recueillis pa Judith Waintraub

Donné gagnant au premier tour avec 61 % des voix dans un sondage Ifop/Fiducial

publié par « Midi libre », le maire sortant de Béziers estime que la clé de son succès est de jouer l’opinion publique contre les partis,

Rassemblem­ent national aussi bien que Les Républicai­ns.

Mais il reconnaît que la recette est difficile à transposer au niveau national.

Le Figaro Magazine – Votre victoire semble certaine, comment avez-vous fait pour tuer le match ? Robert Ménard – Le match n’est pas terminé et, pour en avoir été le bénéficiai­re en 2014, je sais à quel point une campagne électorale peut bousculer les sondages, donc je continue à mener la mienne ! Mais ce résultat m’a évidemment fait plaisir, parce qu’il couronne six années d’efforts. 96 % de mes électeurs de 2014 disent qu’ils vont revoter pour moi, c’est un niveau rare pour un maire sortant. Et cerise sur le gâteau, 40 % des électeurs de Jean-Luc Mélenchon à la présidenti­elle veulent aussi voter pour moi alors que seulement 20 % soutiennen­t la liste investie par La France insoumise. Ce qui prouve que la droite classique n’est pas la seule à avoir du mal à exister face à nous et qu’on est capables de convaincre une partie de l’électorat de gauche.

Avec quels arguments ? Les chiffres de la lutte contre la délinquanc­e à Béziers ?

Le politique ne se résume pas à des chiffres, même si le commissair­e divisionna­ire de la ville dit que la délinquanc­e a baissé de 9 % depuis 2015. Les gens apprécient avant tout qu’on tienne nos engagement­s au lieu de trouver des excuses pour ne pas les tenir, qu’on soit présents – je suis dans ma ville du matin au soir, c’est mon seul mandat –, qu’on parle comme eux…

Comment vous voient les Biterrois ? Comme un homme d’extrême droite ? Un populiste ?

Non, comme un type de droite, d’ailleurs je m’en réclame, même si « populiste » ne me gêne pas, quoi qu’en disent les journalist­es et les politicien­s. Je n’ai de comptes à rendre qu’aux Biterrois. Je leur ai redonné la fierté de leur ville, c’est le mot qui revient le plus souvent dans leur bouche. Ceux qui trouvent que c’est du « populisme » ou qui me disent d’extrême droite sont disqualifi­és auprès de leur électorat, précisémen­t parce qu’ils emploient ce vocabulair­e : regardez les 7 % de voix dont est crédité le candidat En marche ! Ça montre à quel point il est déconnecté de la réalité. Ces gens pensent à leur parti et à leurs ambitions avant de penser à leur ville. Moi, je n’ai aucune autre ambition que Béziers et je ne ferai de la politique nulle part ailleurs. Vous défendez l’« union des droites ». Croyez-vous toujours que cette idée peut s’imposer au niveau national ?

Quand j’ai organisé Oz ta droite ! à Béziers, en 2016, j’ai commis une erreur : je pensais qu’en jouant l’opinion contre les appareils, j’arriverais à convaincre Marine Le Pen et, à l’époque, Laurent Wauquiez de s’asseoir à la même table. Mais ça ne se produira jamais ! Au niveau d’une ville, ce sont des gens comme moi qui incarnent cette espérance. C’est la raison pour laquelle je suis allé à Carcassonn­e, à Grasse, à Carpentras, à Sète et même à Perpignan où Louis Aliot n’affiche plus la flamme du RN. Je soutiens des listes qui défendent des idées proches des miennes et qui ne sont pas dans des logiques d’appareil, mais dans des logiques populaires. Cela vaut souvent une exclusion aux candidats issus des rangs LR, parce que nous avons toujours la droite la plus bête du monde. À Béziers, Christian Jacob s’est démené pour trouver un candidat contre moi : après moult péripéties, celui qu’il a finalement désigné avait quitté LR six mois plus tôt ! LR mourra de ces méthodes, et j’irai jeter une fleur sur sa tombe. Mais au niveau national, ce n’est pas moi qui vais faire l’union des droites ! Emmanuel Macron est parvenu à incarner le « bloc élitaire », les « déracinés », « ceux de partout ». Il n’y a pas de raison qu’on n’y arrive pas pour le « bloc populaire », les « enracinés », « ceux de quelque part », qui sont majoritair­es en France. Pour le moment, nous n’avons pas cette personnali­té, mais je ne désespère pas. ■

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