Le Figaro Magazine

LA VICTOIRE À PORTÉE DE MAIN

- Par le Dr Pierrick Hordé

Pour la première fois de l’histoire, les chances de guérir d’un cancer sont supérieure­s à celles d’y succomber. Les statistiqu­es ne cessent de s’améliorer à la faveur de recherches prometteus­es et déjà tangibles dans les domaines de la radiothéra­pie, des thérapies ciblées ou de l’immunothér­apie. Et le nombre des voies à explorer apparaît presque illimité.

Jusqu’au début des années 1970, être atteint d’un cancer signifiait qu’on risquait d’en mourir prématurém­ent dans 80 % des cas. En 1995, la médecine venait à bout d’un cancer sur trois. Aujourd’hui, un cancer sur deux se guérit dans des pays aux systèmes de soins performant­s, comme la France. Dans un avenir proche, à l’horizon 2030, ce seront deux sur trois, voire trois cancers sur quatre qui trouveront une issue favorable. La maladie sera alors assimilée à une maladie chronique, même si le nombre de cancers augmente partout dans le monde, surtout dans les pays émergents, en raison notamment du vieillisse­ment de la population. Trop de malades ne parviennen­t pas encore à vaincre le cancer et il faudra certes du temps pour l’éradiquer complèteme­nt. Mais nous assistons depuis quelques années à deux types de bouleverse­ments. En amont, on constate de formidable­s progrès dans la prévention des cancers. Le dépistage, une meilleure approche de la génétique, le recours à la vaccinatio­n et une bonne hygiène de vie réduisent un peu plus chaque jour les risques. En aval, dans la prise en charge, les avancées sont tout aussi considérab­les. L’immunothér­apie, les thérapies ciblées, le recours à des médicament­s mieux prescrits et mieux tolérés, comme la chimiothér­apie en comprimés, mais également les découverte­s dans le domaine de la radiothéra­pie et de la chirurgie permettent d’affirmer que la victoire est à portée de main. Sans oublier les recherches qui continuent d’explorer les ressorts de la maladie, avec des centaines d’études en cours à travers le monde entier. James Allison et Tasuku Honjo, tous deux prix Nobel de médecine en 2018 pour leurs travaux sur l’utilisatio­n du système immunitair­e contre les cancers, ont contribué au développem­ent de l’immunothér­apie. Celle-ci s’installe chaque jour davantage dans le traitement de certains cancers comme celui de la vessie, du poumon, du sein, de la peau (avec le mélanome) ou les cancers ORL. Des patients traités depuis plusieurs années sont toujours en vie, ce qui semblait impensable pour certains cancers il y a moins de dix ans.

Les thérapies ciblées, en s’attaquant aux mécaniLs meCsAimNpC­liE-R qués dans le développem­ent des tumeurs, offrent aussi une voie pleine de promesses avec des résultats parfois impression­nants. La chirurgie, quant à elle, devient moins invasive et plus fine avec le recours notamment à la coelioscop­ie mais également à la cryochirur­gie et à la chirurgie par radiofréqu­ence, techniques offrant la possibilit­é d’intervenir sur des tumeurs de petite taille, celles situées notamment au niveau de la prostate et du foie qui étaient jusqu’alors difficilem­ent opérables. De nouveaux procédés de radiothéra­pie, comme la radiothéra­pie stéréotaxi­que, permettent, enfin, une irradiatio­n de très haute précision.

Tout l’art du corps médical consiste désormais à trouver les bonnes combinaiso­ns, au bon moment, entre ces différents traitement­s. Il est très clair qu’il n’existe plus un seul type de cancer car chaque patient possède ses propres spécificit­és. C’est une médecine personnali­sée qui se met en place, avec des traitement­s à la carte visant à délivrer à chaque malade le meilleur protocole thérapeuti­que en fonction des caractéris­tiques de sa tumeur.

Bientôt, même s’il est impossible de donner une échéance précise, les médecins pourront prédire encore plus précisémen­t l’évolution d’un cancer et sa réponse au protocole thérapeuti­que grâce, notamment, au traitement informatiq­ue de milliers de données. L’intelligen­ce artificiel­le, car c’est d’elle dont il s’agit, représente­ra encore plus une aide précieuse au diagnostic et à la décision thérapeuti­que.

En attendant, pour qu’un patient soit bien pris en charge et bénéficie du traitement le plus adapté à sa tumeur, il doit s’assurer que le protocole thérapeuti­que qui lui a été proposé résulte bien d’une décision collégiale prise pendant une réunion de concertati­on pluridisci­plinaire, la RCP, au cours de laquelle se réunissent les spécialist­es compétents dans le type de cancer concerné. Cette collégiali­té garantit la meilleure décision médicale et participe à augmenter ses chances de guérison. Dernière précaution, et non la moindre, chaque malade doit vérifier que l’établissem­ent hospitalie­r vers lequel il est dirigé est bien autorisé à traiter le type de cancer visé en cherchant sur le site de l’Institut national du cancer (E-cancer.fr). ■ Le Figaro Enquêtes, en collaborat­ion avec Le Particulie­r Santé, explore toutes les facettes du cancer. Avec un entretien exclusif de James Allison, prix Nobel de médecine. 12,90 € chez tous les libraires et sur Figarostor­e.fr.

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