L’ARME DE GUÉRISON MASSIVE
S’affinant sans cesse, cette technique permet de soigner définitivement certaines tumeurs sans laisser la moindre séquelle et en minimisant les effets secondaires. Une petite révolution.
Un taux de guérison de 85 à 90 % pour les méningiomes et les neurinomes ! Le chiffre semble irréel. Il est pourtant exact. Il s’agit des performances exceptionnelles enregistrées par la stéréotaxie, une sous-branche de la radiothérapie moderne. Elle permet de définir la position exacte d’une tumeur en 3D grâce à des moyens d’ imagerie médicale(IRM, tom od en si tomét rie …) avant de lui appliquer un traitement puissant mais ultraprécis. Ce dernier se révèle naturellement moins invasif qu’une intervention classique.
La radiothérapie est une arme thérapeutique majeure dans le traitement locorégional des cancers. Elle utilise les rayonnements ionisants pour agir sur l’ADN des cellules tumorales afin de bloquer leur multiplication et, à terme, les éradiquer. « 70 % des patients cancéreux seront traités à un moment de leur maladie par ce procédé,
assure le Dr Br un oCu tu li, on cologue radio thérapeute à L’ Institut du Cancer Cour lancyReims(I CC Reims ). C’est actuellement l’un des traitements les plus efficaces que l’on connaisse. Seul ou combiné parfois à la chirurgie ou à la chimiothérapie, il permet de guérir jusqu’à 45 % des cancers. »
Dans 70 % des cas, la radiothérapie est employée à visée curative pour les cancers de la prostate, les cancers ORL, du canal anal, du col utérin… Elle s’utilise également en préopératoire afin de faciliter la chirurgie du cancer du rectum. On fait aussi appel à elle en postopératoire afin d’éviter les rechutes pour les tumeurs du sein, de l’endomètre, des poumons, des os… Le contrôle locorégional s’avère décisif pour la survie à long terme. Il existe plusieurs types de rayonnements externes (photons, électrons, parfois protons). Ils sont dispensés avec différents procédés par des machines de très haute technicité (Cyberknife, tomothérapie, accélérateur linéaire de type Novalis TX…). Parfois, ces rayonnements sont délivrés à l’intérieur de cavités naturelles ou de la tumeur elle-même (curiethérapie gynécologique) en introduisant une source radioactive afin de permettre des traitements très localisés. Il existe d’énormes possibilités de commultilames, binaisons en variant les techniques, les doses, le nombre de séances ou les volumes traités. D’une manière générale, la radiothérapie repose sur des séances de courte durée et des effets secondaires moindres que pour la chimiothérapie.
Depuis trente ans, elle voit son efficacité s’améliorer et ses effets secondaires se réduire grâce notamment au développement d’appareils plus précis (accélérateurs de particules, collimateurs arcthérapie dynamique avec modulation d’intensité, imagerie portale pour les contrôles de positionnement…). On note aussi une amélioration du repérage des tumeurs grâce à l’usage systématique du scanner, de l’IRM ou TEP scan permettant une imagerie osseuse et viscérale à la fois. De même, la modernisation de l’informatique autorise des simulations prévisionnelles et l’adaptation des dosimétries afin d’optimiser la balistique. Enfin, l’amélioration de la contention des patients assure la reproductibilité parfaite des séances.
Pour Bruno Cutuli, les techniques de très haute précision de stéréotaxie intra- et extracrânienne, exploitées depuis une dizaine d’années, représentent l’avancée la plus spectaculaire grâce à leur ciblage minutieux. « On sauve des gens autrefois condamnés, sans laisser de séquelle ! » Pour les tumeurs bénignes ou malignes, elles offrent des traitements raccourcis (3 à 6 séances en 1 à 2 semaines) par rapport aux 3 à 7 semaines des protocoles classiques. Avec un effet antidouleur rapide sur les métastases osseuses par exemple.
Pour certaines lésions intracrâniennes, bénignes en elles-mêmes mais pouvant devenir invalidantes lorsqu’elles compriment les tissus avoisinants (douleurs, perte de la vue, troubles neurologiques sévères…), le taux de guérison atteint 85 à 90 % ! Le médecin évoque aussi avec confiance les recherches actuelles portant sur des accélérateurs couplés directement à des IRM ou encore les nanoparticules qui s’apprêtent, selon lui, à changer la donne en potentialisant l’effet des rayonnements. Le cancer n’est plus cette hydre intouchable mais un sujet d’étude comme un autre. C’est déjà une victoire ! ■
LES NANOPARTICULES POURRAIENT CHANGER LA DONNE