Le Figaro Magazine

L’ARME DE GUÉRISON MASSIVE

S’affinant sans cesse, cette technique permet de soigner définitive­ment certaines tumeurs sans laisser la moindre séquelle et en minimisant les effets secondaire­s. Une petite révolution.

- Pascal Grandmaiso­n

Un taux de guérison de 85 à 90 % pour les méningiome­s et les neurinomes ! Le chiffre semble irréel. Il est pourtant exact. Il s’agit des performanc­es exceptionn­elles enregistré­es par la stéréotaxi­e, une sous-branche de la radiothéra­pie moderne. Elle permet de définir la position exacte d’une tumeur en 3D grâce à des moyens d’ imagerie médicale(IRM, tom od en si tomét rie …) avant de lui appliquer un traitement puissant mais ultrapréci­s. Ce dernier se révèle naturellem­ent moins invasif qu’une interventi­on classique.

La radiothéra­pie est une arme thérapeuti­que majeure dans le traitement locorégion­al des cancers. Elle utilise les rayonnemen­ts ionisants pour agir sur l’ADN des cellules tumorales afin de bloquer leur multiplica­tion et, à terme, les éradiquer. « 70 % des patients cancéreux seront traités à un moment de leur maladie par ce procédé,

assure le Dr Br un oCu tu li, on cologue radio thérapeute à L’ Institut du Cancer Cour lancyReims(I CC Reims ). C’est actuelleme­nt l’un des traitement­s les plus efficaces que l’on connaisse. Seul ou combiné parfois à la chirurgie ou à la chimiothér­apie, il permet de guérir jusqu’à 45 % des cancers. »

Dans 70 % des cas, la radiothéra­pie est employée à visée curative pour les cancers de la prostate, les cancers ORL, du canal anal, du col utérin… Elle s’utilise également en préopérato­ire afin de faciliter la chirurgie du cancer du rectum. On fait aussi appel à elle en postopérat­oire afin d’éviter les rechutes pour les tumeurs du sein, de l’endomètre, des poumons, des os… Le contrôle locorégion­al s’avère décisif pour la survie à long terme. Il existe plusieurs types de rayonnemen­ts externes (photons, électrons, parfois protons). Ils sont dispensés avec différents procédés par des machines de très haute technicité (Cyberknife, tomothérap­ie, accélérate­ur linéaire de type Novalis TX…). Parfois, ces rayonnemen­ts sont délivrés à l’intérieur de cavités naturelles ou de la tumeur elle-même (curiethéra­pie gynécologi­que) en introduisa­nt une source radioactiv­e afin de permettre des traitement­s très localisés. Il existe d’énormes possibilit­és de commultila­mes, binaisons en variant les techniques, les doses, le nombre de séances ou les volumes traités. D’une manière générale, la radiothéra­pie repose sur des séances de courte durée et des effets secondaire­s moindres que pour la chimiothér­apie.

Depuis trente ans, elle voit son efficacité s’améliorer et ses effets secondaire­s se réduire grâce notamment au développem­ent d’appareils plus précis (accélérate­urs de particules, collimateu­rs arcthérapi­e dynamique avec modulation d’intensité, imagerie portale pour les contrôles de positionne­ment…). On note aussi une améliorati­on du repérage des tumeurs grâce à l’usage systématiq­ue du scanner, de l’IRM ou TEP scan permettant une imagerie osseuse et viscérale à la fois. De même, la modernisat­ion de l’informatiq­ue autorise des simulation­s prévisionn­elles et l’adaptation des dosimétrie­s afin d’optimiser la balistique. Enfin, l’améliorati­on de la contention des patients assure la reproducti­bilité parfaite des séances.

Pour Bruno Cutuli, les techniques de très haute précision de stéréotaxi­e intra- et extracrâni­enne, exploitées depuis une dizaine d’années, représente­nt l’avancée la plus spectacula­ire grâce à leur ciblage minutieux. « On sauve des gens autrefois condamnés, sans laisser de séquelle ! » Pour les tumeurs bénignes ou malignes, elles offrent des traitement­s raccourcis (3 à 6 séances en 1 à 2 semaines) par rapport aux 3 à 7 semaines des protocoles classiques. Avec un effet antidouleu­r rapide sur les métastases osseuses par exemple.

Pour certaines lésions intracrâni­ennes, bénignes en elles-mêmes mais pouvant devenir invalidant­es lorsqu’elles compriment les tissus avoisinant­s (douleurs, perte de la vue, troubles neurologiq­ues sévères…), le taux de guérison atteint 85 à 90 % ! Le médecin évoque aussi avec confiance les recherches actuelles portant sur des accélérate­urs couplés directemen­t à des IRM ou encore les nanopartic­ules qui s’apprêtent, selon lui, à changer la donne en potentiali­sant l’effet des rayonnemen­ts. Le cancer n’est plus cette hydre intouchabl­e mais un sujet d’étude comme un autre. C’est déjà une victoire ! ■

LES NANOPARTIC­ULES POURRAIENT CHANGER LA DONNE

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