Le Figaro Magazine

LES BONNES CAUSES

Ce qui, à la télé, permet de faire n’importe quoi.

- LA VISION TÉLÉ DE STÉPHANE HOFFMANN

Jadis, il y avait le « Gala de l’Union ». On y tremblait devant la cage aux tigres, Catherine Deneuve allongée sous un éléphant, Jean Marais grimpant à un mât de caoutchouc, Jane Birkin sur un fil et autres exploits où les vedettes montraient courage et gentilless­e. Aujourd’hui, elles ne montrent rien : elles se montrent. Mais c’est pour une bonne cause, alors on ne peut que s’incliner, sans quoi on est mauvais genre. L’autre jour, sur TF1, des « stars » que personne ne connaît se sont fait palper les testicules pour lutter contre le cancer. Ça vient d’Angleterre (l’émission, pas les testicules). Un peu plus tard dans la soirée, les filles ont fait un strip-tease pour combattre le cancer du sein. On attend avec intérêt leur lutte contre les hémorroïde­s.

Dans quinze jours, nous aurons droit à cette nouvelle version de la chorale de Mademoisel­le Le Long Bec chère à Fernand Raynaud : Les Enfoirés. On va revoir, pour la bonne cause, Mimie Mathy, Liane Foly, Patrick Fiori, Isabelle Nanty, Zazie et une trentaine d’autres beugler en choeur, enchantés d’eux-mêmes et de leur générosité ostentatoi­re, si juteuse pour leur image.

Tous ces combats menés en

« prime time » par des gens qui roulent du coeur comme on roule des muscles rappellent ce que disait Charles Trenet des chanteurs engagés : « Ils s’engagent quand on ne les engage plus. » Ce n’est qu’un mot, bien sûr. Mais qu’est-ce qu’un mot, sinon une vérité qu’on exagère pour tenter de la faire passer ?

« Le Pari(s) des Enfoirés », TF1, vendredi 6 mars à 21 h 05.

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